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lundi 18 mars 2013

Un silence feutré


J'avais déjà évoqué la difficulté de partager des activités avec ses enfants mais j'y reviens car il y a eu, depuis, du changement.

Je sais bien que je fais preuve de mauvaise volonté quand je me mets dans la peau (sur les os) de Draculaura Monster High et que je déclare "Oh ! J'ai encore pris un os, je vais pas rentrer dans ma jupe XXXXXXXXS ! Laisse-moi bouder dans mon cercueil jusqu'à ce que mort s'en suive .... ah mince ... je suis déjà morte" ou quand j'essaie de convaincre mes enfants qu'un immeuble  HLM en kapla rivalise d'audace par rapport à une tour Eiffel ringarde. 

Convenons tout de même qu'il est bien difficile de trouver une activité pour petits et grands qui ne soit pas accompagnée des vases communicants dépression-amusement : quand l'enfant s'amuse, l'adulte déprime et inversement. J'essaie souvent de faire l'effort mais mon esprit de sacrifice se sacrifie lui-même au bout d'un quart d'heure.

Pour ceux qui partagent ce sentiment de frustration ludique, je tenais à les rassurer en leur expliquant que tout n'est pas perdu et que j'ai moi-même réussi à trouver une activité à partager sans contrainte, ni envie d'aller boire cul sec le Dosmestos. 

Il y a quelques jours de cela, j'ai offert un album de coloriage à ma fille dans le but de lui faire oublier qu'un grand de CE2 l'avait bousculé pendant la récréation. Un album qui coûte tout de même 12,90 € soit 84,62 francs. Evidemment ça me coûterait moins cher de lui apprendre à répliquer et de rendre la pareille aux grands de CE2 mais on ne refait pas une éducation à la BOBO pour quelques bobos.

Bref, j'hésitais devant le rayon des coloriages entre les princesses avec couronnes et les princesses sans couronnes quand je suis tombée sur cet album destiné aux grands comme moi qui, sous prétexte de voir le mot thérapie écrit quelque part, pensent qu'ils ont forcément quelque chose à soigner.


Depuis les mercredis après-midi, quand le plus jeune s'endort, la maison plonge dans un silence feutré, uniquement brisé par des questions à peine murmurées "Tu crois que je dois colorier cette partie en bleu ou en rose ?" ou "Passe-moi le vert s'il te plait". J'aime cette complicité tranquille pendant laquelle la pire chose qui puisse arriver est un dépassement de ligne. 

Je crois que cet amour du coloriage me vient de mon enfance même si parfois elle avait l'air d'une séance de torture avec mon grand-père artiste peintre qui me soutenait mordicus qu'on ne coloriait pas les gens en rose parce que la peau n'avait pas cette couleur. Il m'installait aussi devant des toiles immenses pour peindre le ciel au couteau : de grands espaces vides à remplir de bleu parce que c'était des paysages flamands tellement plats que les 3/4 de la toile n'était que du vide azur. Sur mes tableaux, il faisait toujours beau dans le Nord, je n'avais pas encore l'art de peindre des nuages.


Malgré cette exigence, je reste fascinée par le coloriage. Une activité qui me réconcilie avec le manuel.

Je me suis tellement prise au jeu qu'il m'arrive de lui piquer quand elle s'endort parce qu'il faut absolument que je finisse ma fleur commencée. 


Vivement qu'on puisse commencer ensemble les puzzles à 3000 pièces.

lundi 11 mars 2013

6 ans de lecture et 6 livres pour enfant


J'en suis à ma sixième année de lecture d'histoire du soir soit environ 2190 histoires racontées soit environ 365 heures de ma vie. 365 heures de ma vie passées à me demander si Boubou va retrouver son doudou, si Ernestine échappera au mariage forcé avec Marcel le terrible, pourquoi les chiens remuent la queue quand ils sont contents et comment Pénélope va remplir son (foutu) sac de plage.

Lire un livre pour enfant est un sacerdoce. Il ne s'agit pas uniquement de lecture mais de vivre une histoire, en y ajoutant les voix (et toi ? Tu fais comment la tortue ?), les gestes (bouh !) et les tons mélodramatiques, surtout quand le petit chien s'approche trop près du poney Caramel. Parmi les 365 heures, beaucoup peuvent être comparées à des heures en salle d'attente d'un médecin du travail qui n'aurait gardé que ses Point de vue Images du Monde de 2004 (Comment ? Ronald Reagan est mort ??). En plus c'est dangereux car il y a des livres pour enfant qui t'agressent physiquement : on citera par exemple les livres sonores qui font passer les hygiaphones pour du Dolby Surround mais il y a aussi, moins connus, les livres tellement pailletés qu'il suffit de se frotter les yeux pour être raccord avec une soirée discothèque spéciale années 80.

Et puis un soir, la fée Clochette, ou Carabosse, à moins que ce ne soit Marraine la bonne fée, tapote du bout de sa baguette magique pour transformer ce supplice en moment de grâce. Parce qu'ils existent des livres pour enfant qui enchantent petits et grands, des livres dont on ne se lassera pas de les lire.  J'en ai malheureusement rencontré très peu même si, au fond de moi, je sais qu'ils sont bien plus nombreux que les sirènes à écaille d'argent.

Après 6 ans de lectures et 2190 histoires, je voulais vous donner mes lectures favorites, celles qui ont eu les faveurs de mes enfants et les félicitations de ma personne. Je les ai classés par âge disons de 1 à 6 ans. Pour moi ces livres sont des indispensables parce que l'enthousiasme des enfants est resté intact au fil des lectures et que de mon côté j'ai toujours pris plaisir à les lire.


Le livre des bruits de Soledad Bravi
Comme vous avez pu le comprendre, les livres sonores ne font pas grand bruit chez moi sauf Le livre des bruits parce qu'il est silencieux. Après quelques lectures, votre enfant va vite vous remplacer et il connaîtra le bruit du klaxon, de la porte, de la punaise, des épinards et de l'escargot. Le livre des bruits est intéressant parce qu'il ne se limite pas aux facilités et il fait entrer doucement votre enfant dans le domaine du langage. Avec lui, il comprendra que toute chose se dit et se fait entendre.

Un livre d'Hervé Tullet
Ce livre est un iPad en carton et, tant qu'à faire, si on veut éviter une dépendance trop précoce à cet objet de malheur, mieux vaut donner à son enfant Un livre. Un livre interactif sans l'être, dont le véritable processeur est le cerveau de votre enfant. Vous pouvez l'achetez les yeux fermés mais ouvrez-les bien grands quand votre enfant suivra l'histoire : Magique !

De la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête par Werner Holwarth et Wolf Erlbruch
C'est une référence qui épargne très peu d'entre nous. Et là il y a deux écoles : soit vous achetez un imagier des animaux de la ferme soit vous achetez la petite taupe. Moi je conseille la seconde évidemment parce que le caca est une valeur sûre chez les enfants et savoir reconnaître des animaux de la ferme à partir de leurs excréments  c'est la porte assurée vers une grande carrière de biologiste (bon, je m'avance peut être)

Le popotin de l'hipopo de Marc Boutavant et Didier Lévy
Après le caca, y'a le derrière. Ce livre sur le popotin interroge l'enfant sur les différences physiques et fait évidemment l'apologie de la tolérance. Si le sujet est un thème récurrent du livre jeunesse, Le popotin de l'hipopo se fait remarquer grâce à ses subtilités de langage "devant le derrière" ou encore "Et l'on entend des mots qui, eux, sont de véritables gros mots". Encore un livre qui prouve que la question importante de la littérature n'est pas quoi ? mais comment ?

Le tigre en bois de Marie Colmont et Pierre Belves
J'ai acheté pas mal d'albums du père Castor ces dernières années parce que le format convenait bien avec les histoires du soir. Le tigre en bois est un album de 1961 ce qui rend ces illustrations particulièrement savoureuses, et j'aime beaucoup la couleur de sa couverture ce qui peut le transformer par la suite en objet décoratif. Mais l'histoire est également touchante avec une vraie question sous-jacente : l'herbe est-elle plus verte ailleurs ?

L'arbre généreux de Shel Silverstein
Emprunté au hasard à la bibliothèque, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre avec ce livre. En le lisant et en le découvrant en même temps que ma fille, j'ai pris une vraie claque. Un conte philosophique pour enfants avec des thèmes universels sur l'amitié, le cycle de la vie, l’égoïsme, la reconnaissance, le sacrifice, bref une véritable leçon de vie à méditer de 6 à 90 ans. Prévoyez un mouchoir pour la fin.

Si jamais vous connaissez un site web, un blog, une institution, un magazine (que sais-je) qui donne de bonnes références passées et présentes de littérature jeunesse, donnez-les moi en commentaires parce que je n'ai jamais réussi à trouver de vraies bonnes sources. Merci !

mardi 26 février 2013

Hôtel Transylvanie : n'y posez pas les valises (et encore moins vos enfants)


Pour qu'on ne me prenne pas pour une mère despote du 7ème art avec ma liste, je voulais vous rassurer en précisant que j'emmenais également ma fille voir des films de son époque. C'est ainsi que le dimanche 17 février nous sommes allées voir Hôtel Transylvanie.



- Alors, tu as aimé le film ?
- Oui, maman, c'était bien !

M'étant monstrueusement ennuyée pendant toute la séance, je ressentis une pointe de déception en découvrant qu'on n'avait pas les mêmes goûts. Puis finalement je me suis rendue compte que depuis qu'elle était en âge d'aller au cinéma, la critique était invariablement la même  "Oui, maman, c'était bien !". Il y a deux explications possibles : soit ma fille n'a aucun sens critique, soit les enfants, en tout cas entre 4 et 6 ans, aiment plus aller au cinéma que le cinéma en lui-même. J'ai l'impression que les enfants peuvent simuler involontairement un enthousiasme de peur qu'une critique négative ne les prive de cinéma.
Les DVD confirmeraient cette hypothèse. Une fois terminé, le film est toujours bien mais certains ne ressortent jamais de leur boîte tandis que d'autres sont usés jusqu'aux rayures. Pourtant, quand je l'interroge, ils sont tous bien et quand je lui demande ses préférés, elle répond "Il sont tous bien"
Ca ne veut pas dire pour autant qu'elle n'ait pas aimé Hôtel Transylvanie mais ça ne veut pas dire qu'elle l'ait aimé non plus.

On se contentera donc, encore une fois, de ma critique -sanglante- de ce film.

Les travers de la 3D
J'ai vu ce film en 2D mais ce film est également disponible en 3D. Le fait est que pas mal de séquences semblent avoir été construites uniquement dans le but d'offrir du spectacle tridimensionnel. On retrouve alors des mouvements de caméra qui viennent, comme pour un train fantôme, zigzaguer sans apporter aucune valeur ajoutée au scénario. Et comme en plus j'étais en 2D, cela n'a aucun rendu spectaculaire.

Les travers de la double-lecture
C'est le nouveau credo des films d'animation, il faut à la fois que les parents et les enfants s'amusent. Si cette double-lecture a effectivement permis quelques perles du genre, j'ai envie de dire que quand c'est raté, c'est doublement raté. Et puis honnêtement, la double-lecture commence à me taper sur le système. Si l'on va voir un film pour enfants, c'est bien pour les enfants, je n'ai pas besoin qu'on vienne y ajouter quelques blagues (vaseuses) qui ne concernent que moi. Ou alors, la prochaine fois, je demande à payer moitié-prix pour nous deux vu qu'on est censé se partager le film.

Tout il est beau, tout le monde il est gentil
Venons-en à l'histoire. L'hôtel Transylvanie a été construit par le comte Dracula qui souhaitait créer un havre de paix pour toutes les créatures monstrueuses de la terre mais surtout réfréner l'envie de sa fille Mavis de vouloir découvrir le monde (pourquoi partir vu que tout le monde vient ?). Parce que le comte Dracula, comme tous ses compères de l'horreur, ont en commun la même hantise : la cruauté des humains. Tout se passe bien dans le meilleur des mondes affreux jusqu'à ce qu'un jeune humain ne découvre l'hôtel et Mavis pour laquelle il aura un "zing". Passons sur la fin prévisible dès les premières minutes ainsi que le terme de zing censé remplacer élégamment le coup de foudre, bon, à la limite.

Le plus décevant finalement est cette morale "Il est difficile de laisser partir ses enfants mais il est encore plus difficile de les voir malheureux", un thème un peu similaire à Rebelle pour le conflit parent-enfant. Dans Rebelle, il y avait un vrai affrontement et une vraie tension alors qu'Hôtel Transylvanie ne montre qu'une dispute de circonstance entre le père et la fille. Il n'y a d'ailleurs aucun méchant dans ce film et les monstres ne sont qu'un ramassis de chiffes molles.

La Transylvanie, ce n'est vraiment plus ce que c'était. Si on ne peut même plus compter sur Frankenstein pour effrayer les enfants, il nous reste quoi ? Mme de Fontenay ?

lundi 25 février 2013

Les misérables n'ont pas la parole


Normalement, les vacances de février devraient nous priver des séances de cinéma pour enfants que j'organise avec ma fille mais ayant du retard dans mes rapports, je peux vous livrer les impressions du film vu il y a maintenant deux semaines. J'essaie de varier les plaisir et déplaisirs en alternant films en couleurs et films en noir et blanc (ces derniers n'ayant pas les faveurs de ma fille). Après un péplum haut en couleurs, j'ai donc proposé Le Kid de Charlie Chaplin (film en noir et blanc et muet).


Chaplin, Jean qui rit et Jean qui pleure
- Tu connais Charlie Chaplin ?
- Oui, Maman, c'est le cousin de Mister Bean !

Il ne faut surtout pas vendre Chaplin en tant que comique à ses enfants , surtout si vous vous lancez dans un film comme Le Kid. Même si quelques gags visuels font effectivement leur effet, cette histoire est un tire-larmes. Une femme seule et sans ressources sort de la maternité. Acculée, elle décide à contre-coeur d'abandonner son enfant. Finalement, le bébé se retrouve dans les bras de Chaplin, un vagabond qui vit dans un appartement de misère. Cinq années passent et Chaplin et l'enfant vivent d'amour et de petites arnaques (l'enfant casse des vitres pour que Chaplin les répare). Lorsque le garçon tombe malade, Chaplin, inquiet, appelle un médecin qui voit d'un très mauvais oeil cette adoption fortuite. Il décide alors d'appeler l'orphelinat. Pendant ce temps, la mère, devenue riche et célèbre, met tout en oeuvre pour retrouver son enfant.

Les méchant ne sont pas ceux que l'on croit
L'intérêt majeur de ce film est de montrer aux enfants que les méchants ne sont pas toujours là où on les attend et que les gentils ne sont pas toujours récompensés par la vie. Chaplin et l'enfant sont continuellement malmenés par ceux qui doivent faire régner l'ordre et la justice (le médecin, la police) mais quand l'ordre est arbitraire et la justice aveugle, les gentils deviennent des méchants, des êtres insensibles.
Quand le médecin décide de séparer l'enfant et Chaplin, la scène est poignante et résonne encore pendant longtemps dans la tête les cris de l'enfant, pourtant muets. Ma fille a tout de suite compris l'injustice de la situation bien que les conditions de vie de l'enfant avec Chaplin sont loin d'être idylliques. Il y a dans ce film de quoi germer dans la tête de nos bambins l'idée de désobéissance civile.

Doit-on cacher la misère aux enfants ?
Le film Le Kid date de 1921, les Etats-Unis sont alors en pleine crise économique d'après-guerre et doivent faire face à un important taux de chômage. La misère est partout. Finalement ce qu'il y a de plus triste dans ce film, c'est de constater que la misère n'a pas évolué. Qu'un pauvre d'aujourd'hui a les mêmes conditions de vie qu'un pauvre de 1921 (à part peut-être qu'on n'abandonne rarement un enfant dans la rue aujourd'hui).
On voudrait pouvoir entourer nos enfants de tout ce qu'il y a de plus beau dans ce monde et cela nous conduit parfois à détourner leur regard quand la misère se montre. C'est peut-être une erreur parce que les enfants ont bien souvent un élan de compassion naturel quand ils sont confrontés à la misère et ne pas leur cacher permet de maintenir en eux ce sentiment qu'on a tendance à faire taire une fois devenus grand. 

La preuve est faite que les bouilles d'amour ne durent que le temps des bouillies. Jackie Coogan, l'enfant qui joue Le Kid, deviendra plus tard l'oncle Fester dans la série de La Famille Adams.

vendredi 22 février 2013

Leçon de défaite


En tout parent germe un désir inavoué : avoir un enfant passionné.
On a tous été un jour ou l'autre imprégné par ces témoignages sur les enfants passionnés "A 7 ans, il apprend le piano classique plusieurs heures par jour. A 9 ans il impressionne les musiciens professionnels" (Oscar Peterson) ou encore "A l'adolescence il tuait des animaux" (Dexter)
Si tous les parent rêvent d'un enfant passionné c'est parce que, dans le meilleur des cas, on n'aura pas à s'interroger sur son avenir et à connaître ce moment de flottement passager quand, après le bac, il hésitera entre "un DEUG de sociologie, ou peut-être de civilisations étrangères, ou je sais paaaas" et que, dans le pire des cas, il aura toujours une passion pour le consoler dans les moments difficiles.
Oui, moi aussi je rêve d'enfants passionnés et je pensais naïvement qu'il me suffisait d'ouvrir grand les écoutilles pour découvrir ce qui pourrait faire vibrer ma fille.


L'année dernière, ma fille est restée subjuguée devant les images des Jeux Olympiques et notamment la gym. Elle m'a supplié "Maman, c'est ça que je veux faire !" La gymnastique est pour moi une discipline étrangère mais je reconnais son niveau d'exigence, aussi bien dans la discipline que dans les exercices, et les bénéfices qu'on peut en tirer avec une meilleure connaissance de son corps. J'ai dit Banco et merci les écoutilles !
C'est ainsi que le 10 février j'ai accompagné ma fille à sa deuxième compétition de gym. Celui qui s'est déjà plaint de la longueur d'un dimanche après-midi mais qui n'a jamais accompagné un enfant à une compétition sportive le dimanche après-midi, ne sait pas vraiment ce que veulent dire les mots longueur d'un dimanche après-midi.
Assisse dans une tribune d'une salle de sports municipale sans lumière extérieure, j'en étais à maudire mes écoutilles et tous les enfants passionnés de la terre, sur au moins cinq générations. Il m'était pratiquement impossible d'admirer ma fille en train de reproduire ces mouvements entre tout le bordel des agrès et la mise en lumière des plus grands disposés à l'avant de la salle, genre les roulades de ma fille ne sont pas assez spectaculaires.
Quatre heures plus tard (oui, vous avez bien lu), elle fut enfin appelée à se présenter pour la remise des prix avec son équipe. S'en suit une longue, très longue, liste de noms et d'équipes récompensés selon leur catégorie. D'ailleurs, à ce sujet, si vous souhaitez que votre fils  gagne un peu en estime de soi, je vous conseille la gym car il sera souvent seul dans sa catégorie ce qui laisse sous-entendre une médaille à tous les coups. Malheureusement ma fille est de sexe féminin et doit donc se mesurer à d'autres petites filles de sexe féminin qui doivent penser gym, boire gym, manger gym et même respirer gym. Quand j'ai vu que certaines équipes étaient habillées avec des survêtements floqués au nom de leur équipe dans le dos, j'ai bien compris que la bataille serait sanglante.
Hasard ? Coïncidence ? Bâtards de juges ? Pratiquement toutes les équipes de ce funeste dimanche furent récompensées, exceptée celle dont ma fille faisait partie. Evidemment mon petit coeur de maman avait à ce moment-là des envies de meurtre (toujours se méfier des petits coeurs de maman). Elle a tout de même eu le droit à un lot de consolation sponsorisé par le Mac Do du coin (oui, vous avez bien lu). 
C'est donc dans un silence plombé que nous revînmes de cette épreuve. Je craignais les sanglots et l'envie d'abandonner. J'eus le droit à la colère et l'envie d'en découdre.
C'est à ce moment-là que je compris que ma fille ne serait jamais une grande gymnaste et cela me chagrine un peu pour toutes les raisons évoquées plus haut. Mais finalement le non-renoncement dont elle fait preuve après une telle défaite devant un public m'a rendu encore plus fier d'elle, moi qui ai abandonné tellement d'activités quand j'étais jeune.
Et si sa passion c'était l'obstination ?


lundi 18 février 2013

Par les Dieux tout puissants


Pour notre habituelle séance Ciné Classic du samedi, ma fille et moi  avons ajouté un nouveau genre à notre filmothèque grâce à Jason et les Argonautes. J'avais oublié que les péplums étaient de ces moments de cinéma divertissants, délicieusement anachroniques et agréablement soporifiques (je me suis tout de même endormie 3 fois)

Une vraie bande de bras cassés
Ma fille ayant catégoriquement refusé de donner un résumé de Jason et les Argonautes sous prétexte que je l'avais vu en même temps qu'elle et que ça supposait que je pouvais très bien le faire moi-même et qu'il fallait pas que j'abuse avec mon blog, bref ayant refusé, on se contentera cette semaine de mon point de vue d'adulte qui a, quand il ne dormait pas, épié les réactions d'un enfant de 6 ans pendant qu'il regarde un péplum.

Colchide dans les prés

"Moi je crois que c'est vous qui allez vous faire massacrer !"

On évitera de mettre à portée de main d'un enfant qui regarde un péplum tout objet tranchant tant il est pris dans l'aventure. Evidemment l'histoire de Jason, qui forcé à l'exil après la mort de son père, décide de partir à la recherche de la toison d'or en Colchide pour que son peuple retrouve la foi, leur passe bien au-dessus de la tête mais ajoutez un géant de bronze et une armé de squelettes pour qu'ils deviennent les plus fervents défenseurs des argonautes.

Faites attention : j'ai envie de dire que les Péplums, c'est maintenant ou jamais. L'apogée du genre étant plutôt dans les années 50 et 60, les effets spéciaux ont l'âge de nos parents et il faut toute l'innocence d'un enfant de 6 ans qui n'est pas encore passé par la case Harry Potter pour se laisser convaincre par des monstres de pacotille.

Révisons l'Olympe

Entre un Jésus qui n'est que bonté mais qui les laissent avec un sentiment d'incompréhension (Mais pourquoi les gens meurent ? Mais pourquoi y'a la guerre ?), les Dieux de l'Olympe sont tout de même plus faciles à comprendre pour les enfants même si leurs comportements laissent à désirer.

"Mais maman, les Dieux, il sont méchants ?"

Oui, ma chérie, les Dieux sont cruels et c'est pour ça qu'il faut éviter de chercher des embrouilles au Dieu des haricots verts (profitons en). Remarquez que les hommes sont tout de même de grands idiots, incapables de retenir la leçon puisqu'ils semblent toujours prêts à défier les Dieux.

Et évidemment la palme de la crétinerie revient sans conteste à Hercule, le demi-dieu, qui cumule vanité des Dieux et effronterie des hommes. C'est un peu Hercule le poireau.

Entre les mains des Dieux, les hommes ne sont que des marionnettes. Pas étonnant donc que ce spectacle plaise aux enfants, même s'il remonte à la nuit des temps.

N'empêche qu'une Vie De Merde antique, c’est quand même beaucoup plus classe qu'une Vie De Merde contemporaine.

"Tous les jours je me fais voler ma nourriture par les Harpies envoyées par les Dieux parce que j'aide trop les humains avec mes pouvoirs de divination. Déjà qu'ils m'avaient rendu aveugle. VDM"
Par Phynée


Les effets spéciaux de ce film sont l'oeuvre de Ray Harryhausen, considéré comme l'un des grand maîtres de cette discipline. Dans Monstres&Cie, le restaurant au début du film s'appelle Harryhausen, un clin d'oeil à l'un des pères de l'animation.

mardi 5 février 2013

Prendre le temps de souffler (dans un ballon)


Comme chaque samedi de cette année 2013, ma fille et moi avons programmé notre séance Ciné Classic en piochant dans la liste. Pour la première fois, j'ai tenté une découverte avec Le Ballon Rouge, un moyen métrage d'Albert Lamorisse que je ne connaissais pas.



"Ca parle d'un petit garçon et un ballon rouge. Le début commence avec un petit garçon qui marche dans la rue, il a trouvé un ballon rouge. Il grimpe et il attrape le ballon rouge. Il voulait monter dans le bus mais il peut pas, on a pas le droit d'avoir un ballon dans le bus. Donc il court, court jusqu'à l'école. Il arrive en retard à l'école et demande au Monsieur de tenir son ballon et dit au ballon "Reste sage, ballon rouge"
J'ai bien aimé l'histoire parce que le petit garçon est heureux avec son ballon rouge"
(Résumé selon ma fille)

Un trésor inestimable

Il y a d'abord la Dora volante (faut bien vivre avec son temps)  qui doit, à mon avis, produire un chant inaudible pour les adultes mais particulièrement convaincant pour les enfants. Il y a ensuite la parade de l'enfant et de son ballon, aussi fier qu'un italien au volant de sa Ferrari (Lolo ou non). Il y a enfin le drame du ballon éclaté, celui qui rend superficiel le chagrin d'avoir perdu sa maison dans un affreux incendie le jour de Noël avec les hamsters coincés dedans.

Albert Lamorisse ne pouvait pas se tromper en prenant un ballon comme acteur principal, et il s'agit bien d'un acteur puisqu'il ne se contente pas d'être tiré et balancé au gré du vent et de la main de l'enfant. Loin d'être passif, le ballon décide, s'amuse, se révolte, prend parti et tombe même amoureux.

En regardant Le ballon Rouge, les enfants ne s'étonnent jamais qu'un ballon puisse avoir sa propre volonté. Ils l’intègrent immédiatement comme si tous les ballons du monde fonctionnaient de la même façon (d'où peut être le drame du ballon éclaté). Ne vous privez pas de voir ce film avec votre enfant, quand vous verrez l'air de victoire illuminer son visage avec la scène finale, vous comprendrez.

Une photographie des temps passés

Adulte, il faut respirer l'hélium d'un ballon pour pouvoir se marrer avec. C'est à se demander qui est le plus puéril entre le môme et le parent. Alors que l'enfant vit le film, l'adulte le revit, conscient du sentiment d'avoir irrémédiablement perdu son enfance et d'avoir passé le flambeau. Il paraît qu'on appelle ça Nostalgie.

Lamorisse est un Doisneau qui filme. Chaque plan est une photographie soignée du Paris des années 50, on y découvre un Ménilmontant terriblement attachant de terrains vagues, immeubles délabrés et petits commerces. Comme quoi, même les français peuvent regretter la baguette sous le bras et le béret sur la tête. Il paraît qu'on appelle ça Nostalgie.

Au moment où beaucoup d'entre vous s'interrogent sur la réforme des rythmes scolaires et la façon dont on va occuper les petits écoliers, je propose qu'ils consacrent déjà 35 minutes de leur nouveau temps à regarder Le ballon Rouge, un film qui les élèvera là-haut, tout là-haut.

Albert Lamorisse est également l'inventeur du jeu de société Risk. On peut donc garder son âme d'enfant et vouloir conquérir l'Europe entière à coups de dés.

lundi 4 février 2013

T'as bien appris la leçon ?



16H20. Sortie d'école. J'aborde une femme qui se tient près de moi.

- Hey ! Psst ! Pssst ! Vas-y, t'as quoi pour moi ?
- Oh ! Calme toi, on va se faire repérer. Viens avec moi, on va s'éloigner un peu.

On s'écarte du groupe pour se retrouver dans une ruelle à côté. Elle ouvre alors son cartable et en sort un dossier.

- Bon alors en ce moment, j'ai de la révision d'additions, quelques fiches de lecture et j'ai aussi un truc qui arrache, de la pure, une récitation de fables de la Fontaine !
- Me dis pas que c'est ...
- Si, si. Le Corbeau et le Renard. Je te le dis, c'est de l'extra. Sens comme c'est de la fraîche, une photocopie comme on en fait plus avec la date écrite en toutes lettres.
- Oh la vache ! le kiff !
- Si tu me le prends, je te rajoute des lignes d'écriture en bonus.
- Oh tu me prends pour qui ? Je suis pas non plus une junkie hein !
- Ok c'est bon calme-toi, je voulais te faire plaisir, c'est tout. Au fait, par simple curiosité, comment t'as su que j'étais dealeuse de devoirs à la maison ?
- Bah je sais pas. T'es maquillée et coiffée, t'as l'air détendue et tu t'es pas agrippée nerveusement à ton sac à main quand la cloche a sonné. Du coup ça paraissait louche.



Tout cela n'est pas très clair mais il semblerait que les devoirs à la maison, du moins écrits, soient interdits. J'ai bien lu quelques textes de référence mais j'ai eu peur d'être interrogée dessus le soir venu, j'ai donc abandonné. On va donc dire que depuis cette année, depuis que ma fille est au CP, je me procure illégalement des devoirs à la maison.

Avant que cette activité ne fasse réellement partie de sa vie, j'avais dans l'idée d'en faire une partie de plaisir. On apprendrait à compter avec des papillons en liberté, on écrirait sur les murs, on réciterait en karaoké. Dans la pratique, je l'envoie dans sa chambre pour qu'ensuite elle vienne me réciter sa leçon alors que j'épluche des oignons. Oubliés les papillons, les murs et les karaokés.

Parfois ce sont les parents qui s'imaginent vivre dans un conte de fées.

Les parents ne sont pas fonctionnaires de l'Education Nationale, ils n'ont pas à se substituer au corps enseignant m'apprend t-on. Il doivent leur apprendre autre chose, ce qu'ils ne trouveront pas forcément auprès de leur maître/maîtresse. Ils doivent leur ouvrir l'esprit, attiser leur curiosité et leur traduire le monde.
J'aurais bien aimé. Et ça aurait pu donner ça.

- Oh maman ! Qu'est-ce que c'est ?
- Oh ça c'est un busard cendré. On l'appelle ainsi parce que sa couleur grise est celle des cendres. Il s'agit d'un oiseau migrateur c'est à dire qu'il part en Afrique l'hiver et revient ici en septembre. Oh écoute ! Il chante ! Ca veut dire qu'il est en pleine parade nuptiale parce que d'habitude il est silencieux.

Au lieu de ça ...

- Oh maman ! Qu'est-ce que c'est ?
- Euh ... bah ... c'est un oiseau ... qui vole. Et qui fait des nids dans les arbres. Enfin je suppose. On vérifiera sur internet ce soir.

Ne sachant pas reconnaître la buse qui pourtant sommeille en moi, je décide de voler dans les plumes de la fatalité en révisant dès aujourd'hui la liste des rois de France et la trigonométrie.

Le bonnet d'âne était donné aux mauvais élèves parce que l'âne était considéré comme un animal intelligent. Le maître voulait signifier par là qu'ainsi coiffé, l'élève profiterait peut être des capacités de réflexion de l'animal.

jeudi 31 janvier 2013

Princess Bride a t-elle pris des rides ?

Je n'ai que peu de souvenirs de la Princess Bride, il ne me reste que l'image de Robin Wright, l'actrice la plus souple au monde, capable de faire le grand écart entre Santa Barbara et Nick Cassavettes, et le souvenir d'une conte heroic fantasy qui aurait très mal vieilli.

J'étais donc très étonnée quand j'ai découvert que ce film faisait partie de la liste des 50 films à voir avant 14 ans, cette fameuse liste qui me guide pour les séances ciné avec ma fille.



"J'ai bien aimé le film. parce que c'était adorable et c'était mignon. Et ce qui est bien dans l'histoire, c'est l'amour. Quand c'est l'amour, les princes et les princesses font des bisous sur la bouche. J'ai eu un petit peur quand j'ai vu l'homme à 6 doigts parce que c'est bizarre de voir des hommes à 6 doigts. et des fois, il y avait les rats géants qui mordent l'épaule du gentil qui était toute rouge. C'était drôle quand l'homme savait pas marcher parce qu'il avait ressuscité mais pas tout à fait. Des moments tristes aussi quand ils se sont battus dans le village. 
C'est un film pour les garçons et les filles parce que des fois y'a de la bagarre et des fois de l'amour pour les filles."

En interrogeant ma fille, je me suis rendue compte qu'elle garderait le même souvenir que moi de Princess Bride si on met de côté Santa Barbara, et qu'elle devra sans doute revoir ce film avec ses propres enfants pour en comprendre tout le ressort comique. J'ai aussi compris que j'avais totalement foiré l'éducation asexuée et la tolérance vis-à-vis des gens différents (Ok je me rattraperai sur le suivant).

Princess Bride est en fait l'avant Shrek, une parodie de conte de fées avec princesse, pirates, prince machiavélique, monstres, sorcière, Zorro, géant, nain, grand amour et même RTI...

Westley : Quelles sont les trois terreurs des marais de feu ? Un, les jets de feu. Pas de problème, y'a toujours un petit bruit avant, on peut les éviter. En deux, les sables luisants mais tu as été assez maligne pour les découvrir. A l'avenir nous les éviterons aussi.
Bouton D'or : Westley ! Tu penses aux R.T.I. ?
Westley : Les Rongeurs de Taille Inhabituelle ? Oh ! J'crois pas qu'il existent !

Princess Bride est aussi l'avant Sacré Graal. Une manière d'inciter votre enfant à accepter l'absurde mais sans membres arrachés et lapin tueur. 

Ne tardez pas à regarder Princess Bride avec votre enfant avant qu'il ne dénigre les monstres tellement mal faits qu'il vous rira au nez. Ca vous simplifiera la vie le jour où vous lui avouerez que que le Requin des Dents de la mer vous avait réellement foutu les chocottes (jeu de mots des années 50).

J'avertis néanmoins les parents que ce film dans sa version française comporte des Fils de pute et des Reine des salopes ce qui rend la séance un peu moins amusante et irrite la gorge à force de tousser pour que des oreilles chastes ne soient pas trop perturbées.