vendredi 1 février 2013

Où est ma maison ?


Hier j'ai lu un livre, ça s'appelle "Chez Nous" de Marylinne Robinson (996ème livre de la liste)



Résumons la situation. Ce serait comme la série "Sept à la maison" trente ans plus tard. La mère est morte, les enfants  partis, ne reste que le vieux révérend. Puis revient la benjamine après son échec de fiançailles ratées et enfin le fils maudit, disparu pendant 20 ans.

Au final, peu importe ce qu'il arrive à ces trois-là, d'autant qu'il ne leur arrive pas grand chose. Mais ce pas grand chose justement permet de mettre en lumière des thèmes tristement universels.

Le retour au bercail
A 38 ans, Glory est obligée de revenir à la maison, blessée par ses déboires amoureux. Je n'ai pas le souvenir d'avoir un jour rencontré une phrase qui exprimait aussi bien la dualité du foyer parental entre réconfort ultime et sentiment d'oppression. 

"Puis venait l'heure du retour au pays natal, où les mêmes vieux saules balayaient les mêmes pelouses mal entretenues, où la même vieille prairie poussait et fleurissait là où la négligence le permettait. Ils étaient chez eux. Quel endroit plus généreux pouvait-on trouver sur terre, et pourquoi cela leur semblait-il à tous être un exil ?"

Comment, en grandissant, cet endroit qui fut en général le théâtre de nos plus belles années se transforme t-il en terre hostile ? Je ne suis pas sûre d'avoir moi-même la réponse. Disons que depuis le jour où l'on est chassé du refuge utérin et dans l'impossibilité d'y retourner, tout notre existence est vouée à aller de l'avant. Le retour au bercail, parce qu'il s'agit d'un retour, ne peut donc jamais être vécu sereinement.

La délicate fratrie

Il existe une grande différence d'âge entre Glory et son frère Jack et, bien qu'ayant des souvenirs communs, ils n'ont jamais réellement vécu ensemble. Si son frère a commis des méfaits, déçu ses parents et endeuillé la maison familiale suit à sa disparition, il n'en reste pas moins son frère.

Ah, frères et soeurs, quel lien étrange tout de même ! Si nos rapports se sont parfois limités à des "Tu vas baisser ta musique de merde oui !", une force indicible nous intime de protéger l'autre même quand nos chemins ont pris des directions différentes et que les fossettes ont laissé place aux rides. C'est un grand frère qui nous a caressé les cheveux en nous adressant un tendre sourire, une petite soeur qui a souhaité partager son dessert avec nous et ces quelques gestes ont marqué de manière indélébile les liens de cette délicate fratrie.

Chez Nous évoque cette fragile, et pourtant indestructible, relation. Parce qu'une fois adultes, il est beaucoup plus difficile de caresser les cheveux de son frère ou de partager son dessert avec sa soeur. Et pourtant, il suffit parfois de prendre un café au petit matin dans la cuisine familiale ou de jouer une partie de dames pour que les liens se renouent tels qu'ils étaient avant.

"Il y a un dicton qui dit que "Comprendre c'est pardonner", mais c'est une erreur, disait papa. Il faut pardonner afin de comprendre. Jusqu'à ce que vous ayez pardonné, vous vous défendez contre la possibilité de comprendre."

La fratrie est peut être le plus des cadeaux que la vie nous a donnée parce qu'elle nous oblige à aimer l'autre parfois au-delà de notre propre compréhension du monde. Oui, les frères et soeurs sont parfois les seuls êtres humains pour lesquels nous sommes capables de pardonner avant de comprendre, même si cela nous coûte.  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire