jeudi 31 janvier 2013

Princess Bride a t-elle pris des rides ?

Je n'ai que peu de souvenirs de la Princess Bride, il ne me reste que l'image de Robin Wright, l'actrice la plus souple au monde, capable de faire le grand écart entre Santa Barbara et Nick Cassavettes, et le souvenir d'une conte heroic fantasy qui aurait très mal vieilli.

J'étais donc très étonnée quand j'ai découvert que ce film faisait partie de la liste des 50 films à voir avant 14 ans, cette fameuse liste qui me guide pour les séances ciné avec ma fille.



"J'ai bien aimé le film. parce que c'était adorable et c'était mignon. Et ce qui est bien dans l'histoire, c'est l'amour. Quand c'est l'amour, les princes et les princesses font des bisous sur la bouche. J'ai eu un petit peur quand j'ai vu l'homme à 6 doigts parce que c'est bizarre de voir des hommes à 6 doigts. et des fois, il y avait les rats géants qui mordent l'épaule du gentil qui était toute rouge. C'était drôle quand l'homme savait pas marcher parce qu'il avait ressuscité mais pas tout à fait. Des moments tristes aussi quand ils se sont battus dans le village. 
C'est un film pour les garçons et les filles parce que des fois y'a de la bagarre et des fois de l'amour pour les filles."

En interrogeant ma fille, je me suis rendue compte qu'elle garderait le même souvenir que moi de Princess Bride si on met de côté Santa Barbara, et qu'elle devra sans doute revoir ce film avec ses propres enfants pour en comprendre tout le ressort comique. J'ai aussi compris que j'avais totalement foiré l'éducation asexuée et la tolérance vis-à-vis des gens différents (Ok je me rattraperai sur le suivant).

Princess Bride est en fait l'avant Shrek, une parodie de conte de fées avec princesse, pirates, prince machiavélique, monstres, sorcière, Zorro, géant, nain, grand amour et même RTI...

Westley : Quelles sont les trois terreurs des marais de feu ? Un, les jets de feu. Pas de problème, y'a toujours un petit bruit avant, on peut les éviter. En deux, les sables luisants mais tu as été assez maligne pour les découvrir. A l'avenir nous les éviterons aussi.
Bouton D'or : Westley ! Tu penses aux R.T.I. ?
Westley : Les Rongeurs de Taille Inhabituelle ? Oh ! J'crois pas qu'il existent !

Princess Bride est aussi l'avant Sacré Graal. Une manière d'inciter votre enfant à accepter l'absurde mais sans membres arrachés et lapin tueur. 

Ne tardez pas à regarder Princess Bride avec votre enfant avant qu'il ne dénigre les monstres tellement mal faits qu'il vous rira au nez. Ca vous simplifiera la vie le jour où vous lui avouerez que que le Requin des Dents de la mer vous avait réellement foutu les chocottes (jeu de mots des années 50).

J'avertis néanmoins les parents que ce film dans sa version française comporte des Fils de pute et des Reine des salopes ce qui rend la séance un peu moins amusante et irrite la gorge à force de tousser pour que des oreilles chastes ne soient pas trop perturbées.


mercredi 30 janvier 2013

La reine est morte, vive la reine


Hier j'ai lu un livre, ça s'appelle "The Queen is Dead"


Elo est écrivain, Bert vendeur de vin (ils sont donc tous les deux marchands d'illusions). Ils se sont connus jeunes et c'est parce que Bert fait une apparition fictive dans le roman d'Elo qu'il tente une apparition réelle dans sa vie. Doit-on revoir ses anciens amis et réécouter ses anciens disques ? Peut-on appuyer sur la touche Replay en toute innocence ?

Les disques rayés

La force d'un roman est de déterrer en nous des sentiments enfouis, passés à la trappe pour être remplacés par des listes de choses à faire et à ne pas faire. En lisant "The Queen is Dead", j'ai entendu une musique longtemps oubliée. J'avais oublié que jeune, il y avait la musique. Non pas celle d’aujourd’hui que j'écoute distraitement, pour rompre le silence ou couvrir le bruit des klaxons mais celle que j'écoutais, casque sur les oreilles, jusqu'à l'endormissement, celle que je chantais avec les copines, celle que je confiais telle une prière au premier amoureux. J'ai usé Violator de Depeche Mode jusqu'à la corde, j'ai slowé, j'ai pogoté, toujours j'ai vibré. A quel moment ai-je baissé le volume ?

C'est de cette musique-là que parle Aurélia Bonnal, les musiques de notre jeunesse qui étaient alors les seuls mediators du monde qui nous entourait.

"J'avais oublié des albums, des gens si importants pour moi"

Les amitiés retrouvées

Nul besoin d'être écrivain pour déclarer que les amitiés anciennes sont les principaux personnages du roman de notre jeunesse. Pour la plupart d'entre nous, le livre est clos et parce que la vie nous impose de toujours écrire de nouveaux chapitres, nous y avons enfermé ces jeunes gens à qui nous avons confié nos aspirations et nos craintes d'alors.

Les retrouver, c'est un peu comme se replonger dans son journal intime, oublié dans le grenier de ses parents. Ils portent en eux la trace de ce que nous voulions être ou de ce que nous avons cherché à fuir. Ils sont la preuve vivante d'une époque durant laquelle nous voulions que tout soit Vérité, y compris nous-mêmes.

" Je voulais te parler franchement, ça servirait à quoi sinon de se revoir si c'est pour faire semblant, faire semblant on en a notre compte, je crois qu'avec mon enfance j'ai assez fait semblant pour l'éternité"

La musicalité

Aurélia Bonnal n'a pas écrit un livre. Elle a, je crois, composé un livre. Il fallait que je comprenne cela pour que le style de l'auteure s'accorde à ma lecture. Et ce n'est qu'en donnant plus d'importance à la virgule, lui conférant une pause de saut de ligne, que j'ai vraiment découvert la musicalité de son phrasé.

"Elle n'était jamais revenue ici,
elle non plus,
et je l'avais perdue de vue,
et j'avais moins parlé de toi,
et j'avais moins pensé à toi, 
et j'avais appris à vivre comme ça,
résigné et tout seul
au milieu des autres
Et puis j'avais rencontré Bibi,
et voilà,
la vie douce,
écoulée si vite."

Alors oui la reine est morte, mais il faut bien en passer par là pour en célébrer une nouvelle. Celle du premier roman. Une nouvelle reine donc qui, je l'espère, aura de nombreux sujets à traiter.

Leçons de bonheur : Retrouver du sens


Fainéant, fait-néant, il fait le néant.

Il aura fallu 37 années de ma vie pour que le sens de ce mot me saute aux yeux. Mon cerveau ferait-il aussi le néant ?

Le trou noir, un vrai fainéant !

mardi 29 janvier 2013

Les enfants honteux de la télé


Il y a donc ceux qui ont une télé et s'en portent bien, ceux qui n'ont pas de télé et s'en portent bien mais il y a aussi une minorité silencieuse qui, comme moi, navigue entre deux canaux, rongé par la culpabilité de ne pas réussir à se défaire de cette lucarne.

Oui, je fais partie de ces enfants honteux de la télé. Et je n'ai pas honte de le dire (de façon anonyme, derrière un blog).


Pourtant y'a Arte ou Moi je ne regarde que les programmes intelligents.
Sauf qu'en regardant Arte, les programmes ont tous l'air de vouloir dire "Mais qu'est-ce que tu fous là ? Tu ferais mieux de lire ce livre, écouter cette symphonie, voir ce film et assister à cette pièce de théâtre". Arte est en quelque sorte le purgatoire de la télé. Quand on s'adonne à une pratique honteuse, on aimerait au moins pouvoir le faire en paix, sans avoir à entendre un discours moralisateur du Grand Frère sur notre paresse à ne pas vouloir changer les choses. Et en plus, le discours est en allemand.

Il suffit de se limiter
J'ai parfois entendu ce genre d'arguments de la part de ceux qui étaient capables de fumer deux fois par an, un peu avant et un peu après le réveillon. Si je ne peux qu'admirer leur volonté, ça se discute et j'en viens parfois à me demander si ces gens n'ont pas un total manque de curiosité ou un côté masochiste. Et puis limiter la télé ça signifierait qu'on place certains programmes au-dessus des autres et là je m'interroge : Julien Lepers est-il essentiel à ma vie ? Au bout de combien d'épisodes de Les Experts risque t-on une overdose ?  Même en se limitant d'ailleurs, on n'arrivera pas à se défaire du grand fléau appelée La Pub, seul capable de faire apprendre à nos enfants, sans qu'ils s'en rendent compte, des poésies telles que "zéro tracas, zéro blablas".

Notez bien que les arguments pro-télé sont toujours nuancés et avancés par des personnes sirotant du Coca-Light. Et peut-on réellement faire confiance aux gens sirotant du Coca-Light ?

Tu verras, tu ne le regretteras pas
Il est trop tard pour de telles promesses parce que je le regrette déjà rien qu'en pensée. Et un tiens vaut mieux que deux tu l'auras. On s'interroge souvent sur la génération connectée mais on oublie la génération cathodée, la mienne, qui fut élevée dans la croyance que toute évolution technologique était bonne à prendre. Nos parents auraient eu l'air d’arriérés privant leurs enfants de toute évolution s'ils n'avaient succombé aux charmes de la télé couleur, du magnétoscope, de l'ordinateur, des jeux vidéos et du lecteur DVD. Cet argument est donc sans valeur car il ne mesure pas la portée du sacrifice imposé. On ne demande qu'à en rire mais en réalité on est mort de trouille à l'idée de se séparer de cet écran qui a partagé toute notre enfance.

La télé, ça rend con
Honnêtement si la télé rendait vraiment con, un super méchant aurait déjà profité de l'astuce pour devenir maître du monde. Barack Obama est bien la preuve que la télé ne rend pas con. Elle peut, au pire, ne pas vous rendre plus intelligent mais uniquement à la condition que vous le soyez déjà. Imaginons que demain la terre entière soit privée de télé : s'il est possible que les salles de théâtre fassent à nouveau salle comble, il est tout aussi possible qu'on relance le sport de lancers de nains et les jeux du cirque. La télé ne rend donc pas con, mais y'a bien des cons qui la regardent à défaut de faire d'autres conneries. La question de fond serait donc : suis-je assez intelligente pour que la privation de télé me conduise à une vie plus saine et plus enrichissante ? Hum...

Notez bien que les arguments anti-télé sont toujours non nuancés et avancés par des personnes sirotant du lait de soja. Et peut-on réellement faire confiance aux gens sirotant du lait de soja ?

Par pitié, ne tentez pas de me convaincre de choisir entre l'un des camps, ce n'est pas A vous de juger. Par contre, je serais curieuse de savoir si d'autres ont le courage de cette lâcheté et d'admettre qu'ils merdent comme moi en toute connaissance de cause.

lundi 28 janvier 2013

En attendant, la crise pour tous

J'ai beau me poser en familière de l'absurde, je reste tout de même étonnée quand je remarque des contradictions flagrantes chez les autres.

Il est évident, au vu des nombreux sondages destinés à nous sonder, que nous sommes, nous français, actuellement préoccupés par des questions d'ordre économique. Nos priorités portent donc sur l'emploi, le pouvoir d'achat et cette fameuse crise qui m'a permis de redécouvrir le potentiel des magnets pour suspendre les bons de réduction et l'offre de miniature à venir chercher en magasin avant le 23 janvier (Ah merde ! C'est trop tard !).

Mais qu'est-ce donc qu'une priorité ? C'est quelque chose qu'on met devant, un peu comme mon verre de bière en ce moment. Sous-entendu qu'on met le reste derrière ou qu'on le fait attendre (voir Code de la route).

Dans ce cas, si votre priorité est bien l'emploi et la sortie de la crise, je me demande pourquoi certains parmi vous s'obstinent à ne pas vouloir du mariage pour tous.

Je m'explique.

Aujourd'hui Bernadette et Simone ne peuvent pas se marier ensemble, pas plus qu'Antonin et Gaspard.
A quoi cela nous mène t-il ?

A un gros tas de frustrations.
Frustration de la maman quand elle apprend l'homosexualité de son enfant "Mais ça veut dire que je ne t’amènerais jamais devant Mr le maire ?"
Mais surtout frustration des premiers concernés qui aimeraient bien justement que maman les amène devant Mr le Maire.

La frustration a ceci d'intéressant que lorsqu'elle est supprimée, la réaction se fait dans l'excès. Si vous ne comprenez pas, lâchez vos enfants dans un magasin de bonbons, vous comprendrez.

Et effectivement Bernadette et Simone, ainsi qu'Antonin et Gaspard attendent de pouvoir être lâchés dans ce fameux magasin de bonbons, et croyez-moi, ce n'est pas pour y tremper leurs lèvres dans du mousseux présenté dans des coupettes en plastique à la salle des fêtes municipale.


Et ça, Karl l'a bien compris.

Moi aussi (on ne peut pas être que deux tout de même).

Karl et moi on a bien compris que le mariage pour tous, c'était surtout des faire-parts pour tous, des fleurs pour tous, des alliances pour tous, des habits de mariés et des habits de mariées pour tous, des salles pour tous, des buffets pour tous, du champagne pour tous, des gros gâteaux pour tous, des Djs pour tous, des listes de mariage pour tous, des lunes de miel pour tous et des voyages de noces pour tous.

Sans compter que le mariage pour tous finira pour beaucoup en divorce pour tous, c'est à dire des avocats pour tous et des notaires pour tous. 

Et ça tout le monde en profitera, qu'il soit pour ou contre le mariage pour tous.

Je sais bien que certains redoutent l'adoption pour tous mais on ne sauvera pas la France avec le budget croquettes de chihuahua des couples homosexuels. Par contre, les bodys pour tous, les couches pour tous, les pédiatres pour tous, les poussettes pour tous, les nounous pour tous, les petits pots pour tous, les activités extra-scolaires pour tous et les biberons pour tous (oui parce que l'allaitement pour tous, je vois bien où sont les limites), bref le budget pharaonique des gosses pour tous, alors là oui y'a peut être le début d'une éclaircie qui se profile.

Du coup je repose la question : c'est quoi votre priorité à tous ?

vendredi 25 janvier 2013

Avant de mourir


Hier j'ai consulté un livre, ça s'appelle "Les 1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie"


2013 sera sans conteste pour moi l'année des listes, après celle imposée à ma fille pour le cinéma, un juste retour des choses m'oblige à me plier également à la dictature d'une liste que j'ai choisie pour moi romanesque.

Mais commençons d'abord par lister toutes les interrogations liées au titre de ce livre.

Pourquoi "les 1001 livres" ?
N'est-ce pas ? Pourquoi pas 999 livres ? Ou 1002 voire même 1000 livres malgré l'affreuse banalité d'un chiffre rond ?A quoi cela correspond ? La contenance d'une étagère Billy ou l'équivalence du poids d'un éléphant d'Asie du sud-est ?

Ce qui est sûr c'est que le 1001ème livre a eu chaud, en équilibre précaire près du précipice des livres qu'il ne faut pas avoir lus dans sa vie, par opposition. Ayons donc une pensée émue pour le 1002ème livre, l'éternel perdant.

Pourquoi "qu'il faut avoir lus" ?
Pourquoi ce verbe falloir  qui traduit un état de nécessité ou d'obligation ? Ca voudrait signifier que quelque chose se passera ou ne se passera pas si je n'ai pas lu ces livres. On n'emploie même pas le conditionnel, on ne dit pas qu'il "faudrait" mais bien qu'il "faut". Cette liste compterait donc pour l'Au-delà  ?

Et comme je le soulignais juste avant, tous les autres livres non mentionnés dans cette liste seraient ceux qu'il ne faut pas avoir lus dans sa vie. Je crains d'avoir déjà pêché de ce coté-là à moins que Le diable s'habille en Prada ne soit inclus mais j'ai bien vérifié et il n'y est pas. En même temps, je n'ai pas attendu d'avoir cette liste sous les yeux pour réaliser qu'avoir lu un tel livre ne constituera pas un avantage pour moi lors du jugement dernier (déjà qu'il m'a fait perdre mon temps de mon vivant).

Pourquoi "dans sa vie" ?
Voici donc un mystère de résolu qui ne me plait guère. Il n'y aurait aucune bibliothèque, que ce soit au Paradis ou en Enfer. Moi qui espérais faire passer un peu plus vite la vie éternelle en consultant quelques bons ouvrages, me voilà désemparée. Sans compter que personne n'a jugé bon de m'indiquer l'heure de ma mort et que je ne sais donc pas s'il me reste 48 heures ou 48 ans pour venir à bout de cette liste.

Je suppose qu'après tous ces reproches formulés, vous devez vous demander pourquoi je tiens tout de même à me consacrer à cette liste. Hé bien, parce qu'une liste en vaut bien une autre, que l'aliénation a du bon quand on souhaite reposer l'esprit et après tout, dois-je réellement vous rendre des comptes ?

Cette année, je ferais donc des critiques de livres que je n'aurais pas choisis mais comme je fais partie de ces gens que la liberté emprisonne et que la contrainte libère, le résultat sera sans doute meilleur. Comme l'a en plus écrit André Gide "Choisir c'est renoncer", mais je rajouterais que "Choisir de ne pas choisir, c'est renoncer à tout" alors je choisis de suivre cette liste. Pour ne pas avoir à choisir, parce qu'elle en vaut bien une autre et puis de quel droit me demandez-vous des comptes ?

jeudi 24 janvier 2013

Mes chers voisins



Entre vous et moi, il y a un mur d'incompréhension. Pour être précise, un mur de briques de 2,5 cm.

Je me rends bien compte que ces barrières entre nous ne facilitent guère la communication, ce qui, d'un autre côté, légitimerait les bienfaits de l'open space au niveau professionnel. Peut être devrions étendre cette distribution de l'espace dans la sphère privée.

En attendant ce jour, je suis bien obligée de deviner, plus que de comprendre, les signaux que vous m'envoyez sur votre existence cloisonnée.

Je m'adresserais d'abord à ma voisine de gauche car je suis certaine qu'elle lit ce blog. Comment expliquer autrement que me parvienne ainsi votre rire tonitruant à longueur de journée ? Bien que je me sente flattée, j'aimerais que vous reconsidériez vos heures de passage sur ce blog, de façon à ce que ne coïncident pas ma lecture de Saint Augustin avec votre lecture de Demeninges.

Je passerais ensuite au jeune du 1er étage. J'avoue ne pas saisir votre besoin d'écouter en boucle La Bohême. Peut être cela reflète t-il votre état d'esprit du moment mais dans ce cas, permettez-moi de vous dire que se sentir proche de La Bohême alors que l'on habite un coquet appartement avec portail de sécurité et jardin privatif relève du non-sens et même du foutage de gueule. Et honnêtement, la Bohême est une chanson que les moins de 20 ans ne devraient pas connaître. Est-ce à moi de vous rappeler que vous avez Booba et Rihanna pour épancher votre peine ? A moins que vous ne soyez atteint de la même maladie que Benjamin Button, ceci expliquerait à la fois vos goûts musicaux et le volume sonore utilisé.

Enfin, je me dois de terminer avec ma voisine du dessus. Nous serions dans un immeuble open-spacé, vous auriez vite compris que mon mari et moi-même ne souhaitons n'avoir aucun contact avec vous. Pour être honnête, vous nous êtes autant désagréable à l'oeil, qu'au nez et qu'à l'oreille (heureusement que les relations de voisinage ne nous obligent pas à vous toucher et à vous goûter). Dès que vous apparaissez dans les lieux communs, trois de mes sens sont en alerte, je planque mes enfants dans les moindres recoins de la maison pour qu'ils ne soient pas à votre portée et je tente d'abréger mes souffrances en invoquant les choux dans un four ou un four dans les choux. Oui, nous devrions vivre ensemble que vous auriez vite compris que je ne partage pas vos opinions sur la dégradation des rapports humains liée au mélange culturel, ni vos propos calomnieux sur vos voisins directs.

Il y a là une injustice flagrante de savoir que vous habitez juste au-dessus de chez moi, donc plus près du ciel que je ne le suis et une preuve tangible que l'ascenseur social comporte bien des anomalies. Le monde serait plus juste qu'il vous ferait vivre dans la cave.

Voyez voisins, je m'inquiète à votre sujet (à tel point que ça m'empêche de travailler)

Néanmoins, dans un souci d'égalité et parce que les murs ont deux côtés et donc qu'ils sont porteurs aussi bien de vos activités que des miennes, je me dois de vous expliquer également mes propres signaux. Si je ris, c'est parce que je me relis. Si mon fils se jette avec fracas par terre tout en tapant des pieds et des poings, c'est parce qu'il se débat dans un conflit intérieur entre autonomie (quand j'ouvre le bouchon de sa compote à sa place) et dépendance (quand je lui suggère de se brosser les dents avec ses propres mains). Enfin si ma fille vous réveille à six heures, c'est uniquement dans le but de vous faire partager cet instant de plénitude qu'est l'aube, ce moment délicat pendant lequel les autres dorment encore et où tout est silencieux. Si elle fait du bruit, c'est uniquement pour que vous ne ratiez pas ce silence.

Je conclurais par ce proverbe :
On voit la paille dans l'oeil du voisin, mais pas la poutre dans le sien

Je me permets de douter d'une telle affirmation sachant que je suis de petite nature et qu'un tel objet dans mon orbite oculaire me procurerait sans doute une réelle souffrance.

mardi 22 janvier 2013

L'âge de glace


Enceinte, je ne me souviens pas avoir signé un contrat dans lequel il était déclaré probable qu'un matin d'hiver la vue de ma fille derrière la vitre d'un bus soit le dernier souvenir que je garde d'elle pendant plusieurs jours. Non, enceinte, personne n'a osé aborder avec moi le sujet de la classe de neige, et je le regrette bien. Six années n'auraient pas été de trop pour me faire à cette idée.

Pourtant, question coeur de pierre, je me plaçais tout de même dans la catégorie marbre, celle qui inclut toutes celles n'ayant jamais versé une larme que ce soit pour Ghost ou Baby Boom. Même les deux réunis.
Mais aujourd'hui il y a eu le départ de classe de neige.

La première difficulté étant qu'un départ de classe de neige se fait toujours par un matin froid d'hiver, morne et sans relief. Il suffirait que l'on fasse cela un mois d'août, les tongs aux pieds, pour que tout cela devienne moins pénible mais le hasard du calendrier nous oblige à deviner le sourire contrit de notre enfant derrière une vitre forcément embuée tout en tremblant de la tête aux pieds, en passant par le coeur.

Tout comme les neiges éternels, les adieux le sont aussi. Parce que les retardataires, les précautionneux, les valises et les chauffeurs de bus n'ont pas le même désir secret d'en finir au plus vite. On avait pourtant, à force d'expériences et au fil du temps, établit la tactique des au revoir rapides pour que le revoir soit la seule chose à retenir. Mais un départ de  classe de neige se fait au ralenti, prémices de la lenteur de ces cinq prochains jours. 24 lancers de baisers et 51 signes de la main tout en scrutant la fermeture des portes du bus, se demandant si nos yeux seront assez courageux pour tenir prisonniers des larmes malvenues.
"Pleure pas si t'es un homme" se dit la mère.

Vient enfin la délivrance, qui cède instantanément la place à l'angoisse. Ne pas penser à cette association d'idées bus rempli d'enfants et virages de montagne, ne pas garder à l'esprit l'image de son enfant sans camarade assis à ses côtés (elle serait impopulaire ?), ne pas imaginer tout ce qui pourrait mal se passer, ne pas comparer avec sa propre expérience traumatisante de classe de neige et vérifier que le démêlant n'est plus à sa place et donc bien dans sa valise.

Je suis de marbre mais ma fille coule dans mes marbrures. Je la confie à la neige, en espérant qu'elle lui tienne chaud comme moi seule normalement sait le faire.

Justement parce que ce n'est que le début, que le premier départ, il n'en est que plus difficile. La classe de neiges des enfants est l'âge de glace des parents.

lundi 21 janvier 2013

Monsieur Hulot, l'ami des enfants


Au début d'année, il y a le catalogue de la Redoute et celui des bonnes résolutions. S l'un a parfois des conséquences sur l'autre (faire un régime pour rentrer dans les maillots de bain de la page 437), il y aussi des résolutions sorties de nulle part ou presque, les résolutions d'un monde meilleur qu'on ne cesse de remettre au lendemain de l'année prochaine.

Cette année j'ai sorti des cartons de la mère qui veut s'améliorer l'envie d'inculquer à ma fille une certaine culture cinématographique en exhumant des archives des films validés par des générations entières. Je me suis rendue compte à quel point il était difficile de trouver une liste de films (non pas de dessins animés) qui puissent être vus et compris par des enfants de 6 ans. J'ai finalement trouvé cette liste éditée par le British Film Institute des films à voir avant 14 ans, qui doit être remaniée pour son âge mais qui est assez complète.

A raison d'un film par semaine, ma fille et moi sommes devant l'écran. Et la première expérience me conforte dans l'idée que l'idée n'était pas mauvaise. Parce que je me dis que ça pourrait peut être vous servir, j'en ferais donc un compte-rendu d'abord en vous retranscrivant telle quelle l'opinion de ma fille sur le sujet, puis mon propre avis sur ce visionnage mère-fille.

On commence donc par "Les vacances de Monsieur Hulot" de Jacques Tati.


"Au début c'était la musique et aussi à chaque fois ça changeait d'image la mer et les cailloux. Après c'est venu le film et après la voiture, drôle de voiture verte et blanche et après la voiture elle arrêtait pas de sauter et de perdre son huile. Tout le monde allait en vacances vers la mer. Et puis tout le monde allait se changer et allait dans la mer. Le servant de l'hôtel tirait sur la cloche et après tout le monde courait pour aller manger. Y'avait le vieux et la dame, ils étaient premiers. 

Un monsieur et une dame qui étaient toujours ensemble et aussi le petit frère de la grande fille. Y'avait le monsieur et la dame qui faisait du cheval et des fois ils faisaient des fêtes, le garçon et la fille dansaient. Tellement c'était trop rigolo, il est allé dans la cabane des feux d'artifices et a fait craquer tous les feux d'artifice. Ca a réveillé toutes les filles. Le lendemain matin, y'avait des gens qui partaient au pique-nique et d'autres restaient à la mer pour se baigner. Et l'autre jour, tout le monde partait des vacances et c'était la fin des vacances.

J'ai bien aimé le film parce qu'il était sympa, y'avait quelqu'un de très drôle et c'était très amusant. Monsieur Hulot (elle ne se souvenait plus du nom) avec sa voiture. Je regarderai encore. Le bruit de la porte est très, très drôle : ils ont mis le bruit exprès pour faire rire les gens."

Le bruit : un acteur comme les autres
Grâce aux Vacances de Monsieur Hulot, l'enfant découvre un nouvel acteur qu'il avait peut être jusque-là négligé. Entre la voiture qui crachote, les pétards qui pétaradent (forcément) et surtout la porte du restaurant qui boing (un gag à lui tout seul), il découvre que le bruit (en dehors des dialogues qui sont de toute façon presque inexistants dans ce film) peut jouer un rôle essentiel. L'occasion de leur apprendre que les bruits peuvent être rajoutés pour ajouter une nouvelle dimension à une scène.

Un monde noir et blanc
L'enfant a une vision très colorée du monde. Quand il est confronté à un film en noir et blanc, il imagine que l'histoire sera triste et terne. Le meilleur moyen de contourner cela est donc bien de lui montrer des films comiques en noir et blanc pour qu'il finisse par faire abstraction de cette idée d'univers morose. N'empêche que la couleur leur manque et ma fille émet le souhait "de colorier le film pour y rajouter du rose, du violet et du jaune"

L'adulte est un enfant comme un autre
Ce qu'il y a de formidable dans les films de Jacques Tati et spécialement celui-là, c'est que Monsieur Hulot est un adulte (et grand qui plus est) qui donne raison aux enfants. Il prend clairement leur parti en se conduisant comme eux, et en se moquant des "vrais" adultes qui prennent les choses trop au sérieux. Entre l'enfant qui regarde le film et Monsieur Hulot, une complicité s'installe très vite et les rires se multiplient.

Mais surtout, regarder Les Vacances de Monsieur Hulot avec ses enfants donne envie aux parents que nous sommes de se remettre en question. Le message étant "Arrête de regarder le journal/ ta feuille d'impôts/ tes objectifs trimestriels et fais un concours de grimaces/ une bataille d'oreiller/ une partie de cache-cache avec tes enfants"  bref, arrêtons de jouer à l'adulte, ce jeu même pas drôle.
approuvé