mardi 19 mars 2013

Quelle est la place des Melrose ?


Hier j'ai lu un livre, ça s'appelle "Le goût de la mère" (983ème de la liste)



Tous les étés, la famille anglaise Melrose, composée du père Patrick, de la mère Mary et des deux fils Robert et Thomas, se rendent en France dans la maison familiale de la grand-mère en pleine phase de décrépitude. Chaque août entre 2000 et 2003, un membre de la famille prend la parole pour nous donner son point de vue sur les relations plus tendues que détendues de la tribu. Il s'agit ni plus ni moins que du linge sale, même pas lavée en famille.

J'ai rarement été aussi catégorique sur l'appréciation d'une famille entière : c'est simple, je les déteste tous. Le père est sans doute le pire, la personnification même de l’égoïsme : rancune envers sa mère qui le déshérite de la maison de vacances française au profit d'une fondation chamanique (bon, effectivement, il y a de quoi faire la gueule), jalousie envers ses fils qui semblent le priver de la chaleur sexuelle de sa femme et des réponses toutes faites à ses problèmes dans l'alcoolisme et l'adultère. A la limite, il a tout pour faire le méchant donc il n'y a rien d'étonnant à le trouver exécrable mais les enfants ne sont pas plus attendrissants.

Il faut dire que j'ai toujours beaucoup de mal lorsqu'un roman se met à la première personne d'un enfant, je ressens toujours un certain malaise soit parce que les sentiments qu'on leur prête sont d'une étrange complexité et souvent assez cyniques soit parce que leur langage ne m'apparaît jamais comme réaliste. Peut être suis-je jalouse parce que mon fils de 3 ans n'arrive même pas à dire "soif" correctement.

Thomas espérait que ses parents vivraient très longtemps. Ils voulaient qu'ils deviennent immortels. C'était un mot qu'il avait appris dans La Mythologie grecque pour les enfants.

Ce Thomas de 3 ans ne peut pas avoir appris le mot immortel alors que mon fils de 3 ans en est encore à me répéter 5 fois le mot soif avant que je le comprenne. Quant au fils de 5 ans, c'est limite s'il emploie des mots dont je connais la signification. N'admettant pas la crétinerie de ma propre famille, je préfère me figurer que les parties consacrées aux enfant sont un grand n'importe quoi.

Si je déteste cette famille, c'est aussi parce que je déteste ce genre du sujet de roman, celui qui implique que les personnes vivant à vos côtés ont des pensées abjectes. Non que je sois naïve au point de ne pas y croire mais je préfère ne pas penser que lorsque je discute du programme télé avec mon mari, il soit dans le même temps en train de se dire "Mais qu'est-ce qu'elle me saoule et en plus, il est vraiment moche avec son pantalon". Voilà, je ne veux pas le savoir, je ne veux pas que cela me soit suggéré, ni même que ça m'effleure.

Heureusement la lecture fut un peu soulagée par les remarques très humour britannique qui ponctuent le livre. On y trouve notamment de belles perles consacrées à l'éducation des enfants ce qui donne, à certains moments des allures de blog de maman.

Sais tu ce que ma mère m'a dit l'autre jour ? Qu'un enfant né dans un pays développé consomme deux cent quarante fois les ressources consommées par un enfant né au Bangladesh. Si nous nous étions imposés d'avoir deux cent trente neuf enfants du Bangladesh, elle nous aurait accueillis plus chaleureusement, mais cet occidental gargantuesque, qui va occuper des hectares de décharge publique avec des couches jetables, et bientôt réclamer un ordinateur assez puissant pour lancer un vol habitué sur Mars tout en jouant au jeu de morpion avec un copain virtuel de Dubrovnik, ne recueillera sans doute pas son approbation.

lundi 18 mars 2013

Un silence feutré


J'avais déjà évoqué la difficulté de partager des activités avec ses enfants mais j'y reviens car il y a eu, depuis, du changement.

Je sais bien que je fais preuve de mauvaise volonté quand je me mets dans la peau (sur les os) de Draculaura Monster High et que je déclare "Oh ! J'ai encore pris un os, je vais pas rentrer dans ma jupe XXXXXXXXS ! Laisse-moi bouder dans mon cercueil jusqu'à ce que mort s'en suive .... ah mince ... je suis déjà morte" ou quand j'essaie de convaincre mes enfants qu'un immeuble  HLM en kapla rivalise d'audace par rapport à une tour Eiffel ringarde. 

Convenons tout de même qu'il est bien difficile de trouver une activité pour petits et grands qui ne soit pas accompagnée des vases communicants dépression-amusement : quand l'enfant s'amuse, l'adulte déprime et inversement. J'essaie souvent de faire l'effort mais mon esprit de sacrifice se sacrifie lui-même au bout d'un quart d'heure.

Pour ceux qui partagent ce sentiment de frustration ludique, je tenais à les rassurer en leur expliquant que tout n'est pas perdu et que j'ai moi-même réussi à trouver une activité à partager sans contrainte, ni envie d'aller boire cul sec le Dosmestos. 

Il y a quelques jours de cela, j'ai offert un album de coloriage à ma fille dans le but de lui faire oublier qu'un grand de CE2 l'avait bousculé pendant la récréation. Un album qui coûte tout de même 12,90 € soit 84,62 francs. Evidemment ça me coûterait moins cher de lui apprendre à répliquer et de rendre la pareille aux grands de CE2 mais on ne refait pas une éducation à la BOBO pour quelques bobos.

Bref, j'hésitais devant le rayon des coloriages entre les princesses avec couronnes et les princesses sans couronnes quand je suis tombée sur cet album destiné aux grands comme moi qui, sous prétexte de voir le mot thérapie écrit quelque part, pensent qu'ils ont forcément quelque chose à soigner.


Depuis les mercredis après-midi, quand le plus jeune s'endort, la maison plonge dans un silence feutré, uniquement brisé par des questions à peine murmurées "Tu crois que je dois colorier cette partie en bleu ou en rose ?" ou "Passe-moi le vert s'il te plait". J'aime cette complicité tranquille pendant laquelle la pire chose qui puisse arriver est un dépassement de ligne. 

Je crois que cet amour du coloriage me vient de mon enfance même si parfois elle avait l'air d'une séance de torture avec mon grand-père artiste peintre qui me soutenait mordicus qu'on ne coloriait pas les gens en rose parce que la peau n'avait pas cette couleur. Il m'installait aussi devant des toiles immenses pour peindre le ciel au couteau : de grands espaces vides à remplir de bleu parce que c'était des paysages flamands tellement plats que les 3/4 de la toile n'était que du vide azur. Sur mes tableaux, il faisait toujours beau dans le Nord, je n'avais pas encore l'art de peindre des nuages.


Malgré cette exigence, je reste fascinée par le coloriage. Une activité qui me réconcilie avec le manuel.

Je me suis tellement prise au jeu qu'il m'arrive de lui piquer quand elle s'endort parce qu'il faut absolument que je finisse ma fleur commencée. 


Vivement qu'on puisse commencer ensemble les puzzles à 3000 pièces.

vendredi 15 mars 2013

La cosmétique de l'esprit


Tu vois, c'est beau. On dirait un titre d'Amélie Nothomb.

Il y a deux semaines, j'ai reçu mon dernier cadeau de Noël. Le délai de livraison n'était pas prévu mais finalement, j'ai trouvé que le concept mériterait d'être étendu. Si au lieu de recevoir mes 12 cadeaux le soir de Noël, on me délivrait mes colis au compte-goutte, un chaque mois, ce serait un peu Noël toute l'année. Et ça s'appellerait la Christmas Box.

Son retard est explicable car ce cadeau vient directement de Bombay alors le temps de laisser passer toutes les vaches sacrées, forcément ça prend du temps. C'est aussi parce qu'il vient de Bombay qu'il est un peu spécial, il s'agit d'un coffret de cosmétiques ayurvédiques.

Normalement c'est à ce moment-là que vous demandez ce que signifie cosmétique ayurvédique.

Normalement ...

Du moins faudrait, sinon je peux pas continuer à écrire.

Merci (j'ai attendu)

Alors l'Ayurvéda est une médecine traditionnelle indienne. Les principes sont assez compliqués mais j'ai surtout retenu qu'il y avait une sorte de communication très importante entre le corps et l'esprit, un attachement réciproque entre la beauté intérieure et la beauté extérieure. J'avoue, je suis sceptique : si c'était vrai, l'horrible Ophélie de 4ème B n'aurait pas eu autant de succès. Si seulement les gens mauvais pouvaient avoir un physique mauvais, au moins on saurait tout de suite à qui on a affaire. Malheureusement dans la vraie vie Soeur Emmanuelle n'avait pas la plastique d'Emmanuelle, ce qui est bien dommage parce qu'à la place du Botox Amélioré on aurait pu avoir la Bonne Action (sans compter que ça coûte quand  même moins cher).



Pour la cosmétique ayurvédique, il s'agit de soigner son physique avec les mêmes ingrédients que ceux de la médecine ayurvédique soit essentiellement des plantes qui vont venir rééquilibrer notre peau, cheveux, visage. Des plantes naturelles .... des vraies plantes ... sans trucs chimiques pour rassurer la pauvre fille moderne connectée que je suis. Oui, j'avais la trouille parce que naturellement je ne suis pas attirée vers le naturel qui comporte tout de même les orties et les moustiques, deux trucs naturels qui ne me veulent pas franchement du bien.

Niveau expérience, ça équivalait à me plonger tête la première dans le Gange. Ou dans la fange. Et je me demandais si mon dermato serait assez érudit pour trouver le remède si jamais je ne réagissais pas bien au lavanya couplé au nirmal-navaa en cas de mauvaise appréciation de dosha. J'aurais pu d'abord tester sur mon chat, comme tout bon scientifique, malheureusement on n'a pas les mêmes problèmes de peau.
J'ai fini par gravir cette montagne esthétique en utilisant un masque pour le visage composé d'acore (une plante aquatique), de réglisse et de lhodra (une herbe "divine selon l'Ayurveda). La marque de mes produits ayurvédiques précise que toutes les plantes utilisées viennent de cultures biologiques ou ont été ramassées à l'état sauvage par des communautés tribales indiennes. Et là, tout de suite, je me dis que ce n'est peut être pas très bon pour mon karma que des hommes et des femmes marchent des journées entières et courbent l'échine pour ramasser des plantes sauvages à l'autre bout du monde, tout ça pour mes points noirs.

Oui mais ça marche alors que dois-je faire ? Garder mes points noirs de karma ou ceux de mon visage ?

jeudi 14 mars 2013

Perdu dans la forêt de Sherwood


J'ai enfin pu récupérer ma fille et donc reprendre nos séances de cinéma-canapé. On a fêté dignement ce retour au bercail avec un film en couleurs et parlant ce qui l'a soulagée. Mon choix s'est porté cette semaine sur Les aventures de Robin des bois, non pas celui de Kevin Costner, non pas celui de Russell Crowe, mais celui d'Erol Flynn en 1938.


Robin des bois n'est pas qu'un renard

- Maman, on va regarder un dessin animé ?
- Non, c'est le film Robin des bois, pas le dessin animé
- Tu veux dire qu'ils ont filmé des animaux ?

Difficile de passer après le dessin animé, et ce d'autant plus que le film de Walt Disney est à mon avis un spectacle bien plus réjouissant que le film Les aventures de Robin des bois de 1938Le dessin animé rend mieux compte du combat d'un seul homme, ou plus exactement d'un seul renard, contre l'injustice. Pour un enfant de 6 ans (presque 7 maintenant), le film est un peu trop complexe car il met en avant un détail non choisi dans le Walt Disney : l'oppression des normands sur les saxons. En effet, le prince Jean ne condamne pas à la misère toute l'Angleterre mais seulement le peuple saxon dont fait partie Robin des bois. Il ne s'agit que d'une version parmi les nombreuses données à ce héros mais elle semble avoir eu un écho particulier alors que le monde allait entrer dans cette seconde guerre mondiale.

Un film de cape et d'épée, mais surtout de cape en fait
Difficile également pour les enfants de réaliser que ce film est représentatif d'une époque, non pas du Moyen-âge mais de l'âge d'or hollywoodien. Pour nous, vieux de la vieille, il y a une certaine jubilation à découvrir les décors mais surtout les costumes. Lady Marianne nous offre un véritable défilé qui a du permettre a plus d'une costumière de s'offrir la maison de ses rêves (du moins, dans nos rêves, je suppose que la réalité est moins rose). A cette époque, on ne s’embarrassait moins des réalités historiques que de mettre en valeur les actrices à l'aide de précieuses étoffes, ce qui pour le coup marche bien sur les petites filles.

"Elle est belle Lady Marianne !" 

Honnêtement, je crois être passée à côté du film. Même si ma fille a apprécié, j'ai du mal à comprendre sa place dans la liste des films à voir avant 14 ans. D'ailleurs, en parlant de cette liste comme fil conducteur, j'ai décidé de lui rajouter une autre source d'inspiration que j'ai découverte sur le site "Les enfants de cinéma" car la première liste contient des films qui sont pour le moment hors de portée d'un enfant de 7 ans comme Au revoir les enfants ou La nuit du chasseur.

Je ne suis pas pour traumatiser les enfants, en tout cas pas les miens.

mardi 12 mars 2013

La météo de la civilisation


Hier j'ai lu un livre, ça s'appelle "Cartographie des nuages" de David Mitchell (975ème de la liste)


Accrochez-vous.
C'est l'histoire d'une croyance ancestrale qui parle d'un film qui parle d'un livre qui parle d'un échange épistolaire qui parle d'un journal de bord.
De très loin dans le passé à très loin dans le futur, dans l'ordre croissant puis dans l'ordre décroissant. A moins que ce ne soit le contraire.
Et puis il y a cette tache de naissance commune.

Je n'ai pas la science de Laurent Romejko mais quelque chose me dit que de tracer la carte des nuages, ça se résume à naviguer dans un épais brouillard, surtout quand les nuages représentent des êtres humains. 

De sombres nuages au-dessus de nos têtes
Cartographie des nuages raconte six histoires, fragilement reliés, avec une thématique commune : le combat des plus faibles contre les plus forts, des opprimés contre les oppresseurs, des déshérités contre les nantis. Comment lutter seul contre un ordre établi  ?

Pourquoi lutter contre le "naturel" (ô perfide mot) ordre des choses ? Pourquoi ? En voici la raison : un beau jour, un monde totalement voué à la prédation brûlera de lui-même. Et j'ajoute que le Diable procédera du moindre au majeur, jusqu'à ce que le majeur devienne moindre. À l'échelle d'un individu, l'égoïsme enlaidit l'âme ; à l'échelle humaine, l'égoïsme signifie l'extinction.

Mais si l'on peut sauver son âme en luttant à titre individuel contre l'injustice, agissons-nous vraiment sur la marche inexorable du progrès et de la civilisation ? 

De laborieux progrès obtenus sur plusieurs générations menaceront à tout instant de disparaître sous la plume d'un président myope ou l'épée d'un général vaniteux.

Dans ce cas, à quoi cela sert-il ? Pourquoi risquer sa vie pour un combat perdu d'avance ? Cartographie des nuages nous donne un semblant de réponse (et l'on s'y accroche pour éviter le pessimisme total) en nous promettant que nos actes individuels de rébellion peuvent influencer d'autres actes individuels de rébellion par la suite. Que nous pouvons à défaut de sauver le monde, devenir des exemples pour des générations futures, et ainsi ne jamais baisser les bras même si le combat est truqué.

Les bravoures d'aujourd'hui sont les espoirs de demain. 

Je ne peux m'empêcher de rapprocher cela de l'homme chinois contre les chars de la place Tian'amen. Qu'espérait-il ? A t-il changé quelque chose ? Pourquoi faire quand cela est dangereux et revient au même que de ne rien faire ? Parce qu'il est devenu une référence, un symbole, un modèle qui entraîne et façonne les autres.

Certains reprochent à Mitchell une morale simpliste, je serais plus nuancée. On peut effectivement y voir une apologie des révoltés mais l'Histoire à travers les histoires prouvent qu'ils ne peuvent inverser le cours des choses.

Un seul nuage dans le ciel ne changera pas la météo.

lundi 11 mars 2013

6 ans de lecture et 6 livres pour enfant


J'en suis à ma sixième année de lecture d'histoire du soir soit environ 2190 histoires racontées soit environ 365 heures de ma vie. 365 heures de ma vie passées à me demander si Boubou va retrouver son doudou, si Ernestine échappera au mariage forcé avec Marcel le terrible, pourquoi les chiens remuent la queue quand ils sont contents et comment Pénélope va remplir son (foutu) sac de plage.

Lire un livre pour enfant est un sacerdoce. Il ne s'agit pas uniquement de lecture mais de vivre une histoire, en y ajoutant les voix (et toi ? Tu fais comment la tortue ?), les gestes (bouh !) et les tons mélodramatiques, surtout quand le petit chien s'approche trop près du poney Caramel. Parmi les 365 heures, beaucoup peuvent être comparées à des heures en salle d'attente d'un médecin du travail qui n'aurait gardé que ses Point de vue Images du Monde de 2004 (Comment ? Ronald Reagan est mort ??). En plus c'est dangereux car il y a des livres pour enfant qui t'agressent physiquement : on citera par exemple les livres sonores qui font passer les hygiaphones pour du Dolby Surround mais il y a aussi, moins connus, les livres tellement pailletés qu'il suffit de se frotter les yeux pour être raccord avec une soirée discothèque spéciale années 80.

Et puis un soir, la fée Clochette, ou Carabosse, à moins que ce ne soit Marraine la bonne fée, tapote du bout de sa baguette magique pour transformer ce supplice en moment de grâce. Parce qu'ils existent des livres pour enfant qui enchantent petits et grands, des livres dont on ne se lassera pas de les lire.  J'en ai malheureusement rencontré très peu même si, au fond de moi, je sais qu'ils sont bien plus nombreux que les sirènes à écaille d'argent.

Après 6 ans de lectures et 2190 histoires, je voulais vous donner mes lectures favorites, celles qui ont eu les faveurs de mes enfants et les félicitations de ma personne. Je les ai classés par âge disons de 1 à 6 ans. Pour moi ces livres sont des indispensables parce que l'enthousiasme des enfants est resté intact au fil des lectures et que de mon côté j'ai toujours pris plaisir à les lire.


Le livre des bruits de Soledad Bravi
Comme vous avez pu le comprendre, les livres sonores ne font pas grand bruit chez moi sauf Le livre des bruits parce qu'il est silencieux. Après quelques lectures, votre enfant va vite vous remplacer et il connaîtra le bruit du klaxon, de la porte, de la punaise, des épinards et de l'escargot. Le livre des bruits est intéressant parce qu'il ne se limite pas aux facilités et il fait entrer doucement votre enfant dans le domaine du langage. Avec lui, il comprendra que toute chose se dit et se fait entendre.

Un livre d'Hervé Tullet
Ce livre est un iPad en carton et, tant qu'à faire, si on veut éviter une dépendance trop précoce à cet objet de malheur, mieux vaut donner à son enfant Un livre. Un livre interactif sans l'être, dont le véritable processeur est le cerveau de votre enfant. Vous pouvez l'achetez les yeux fermés mais ouvrez-les bien grands quand votre enfant suivra l'histoire : Magique !

De la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête par Werner Holwarth et Wolf Erlbruch
C'est une référence qui épargne très peu d'entre nous. Et là il y a deux écoles : soit vous achetez un imagier des animaux de la ferme soit vous achetez la petite taupe. Moi je conseille la seconde évidemment parce que le caca est une valeur sûre chez les enfants et savoir reconnaître des animaux de la ferme à partir de leurs excréments  c'est la porte assurée vers une grande carrière de biologiste (bon, je m'avance peut être)

Le popotin de l'hipopo de Marc Boutavant et Didier Lévy
Après le caca, y'a le derrière. Ce livre sur le popotin interroge l'enfant sur les différences physiques et fait évidemment l'apologie de la tolérance. Si le sujet est un thème récurrent du livre jeunesse, Le popotin de l'hipopo se fait remarquer grâce à ses subtilités de langage "devant le derrière" ou encore "Et l'on entend des mots qui, eux, sont de véritables gros mots". Encore un livre qui prouve que la question importante de la littérature n'est pas quoi ? mais comment ?

Le tigre en bois de Marie Colmont et Pierre Belves
J'ai acheté pas mal d'albums du père Castor ces dernières années parce que le format convenait bien avec les histoires du soir. Le tigre en bois est un album de 1961 ce qui rend ces illustrations particulièrement savoureuses, et j'aime beaucoup la couleur de sa couverture ce qui peut le transformer par la suite en objet décoratif. Mais l'histoire est également touchante avec une vraie question sous-jacente : l'herbe est-elle plus verte ailleurs ?

L'arbre généreux de Shel Silverstein
Emprunté au hasard à la bibliothèque, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre avec ce livre. En le lisant et en le découvrant en même temps que ma fille, j'ai pris une vraie claque. Un conte philosophique pour enfants avec des thèmes universels sur l'amitié, le cycle de la vie, l’égoïsme, la reconnaissance, le sacrifice, bref une véritable leçon de vie à méditer de 6 à 90 ans. Prévoyez un mouchoir pour la fin.

Si jamais vous connaissez un site web, un blog, une institution, un magazine (que sais-je) qui donne de bonnes références passées et présentes de littérature jeunesse, donnez-les moi en commentaires parce que je n'ai jamais réussi à trouver de vraies bonnes sources. Merci !

vendredi 8 mars 2013

Titre sans roman cherche roman sans titre


Plus tard je voudrais être écrivaine, mais seulement de titres de romans. Je crois beaucoup à la spécialisation or je laisse aux spécialistes le soin d'écrire les romans. Moi je ne m'occuperais que des titres parce que je me trouve un certain don pour cela et ce serait idiot de ne pas le faire partager ou plutôt facturer.


J'en vois certains qui doutent, qui imaginent que ce métier n'a aucun avenir alors que j'ai des exemples concrets d'auteurs pourtant célèbres qui ont foiré le titre de leurs romans et du coup raté des ventes. Prenons un cas d'étude, Zola, alors oui, c'est très bien ce qu'il fait mais quand même niveau titre, on frôle le ridicule. Il y a L'assommoir, un titre qui d'avance vous donne envie de dormir et puis surtout Nana, un titre d'hygiène intime. Qui aurait l'idée de titrer son roman Tampax aujourd'hui ? Même le nom de sa série laisse à désirer : Les Rougon-Macquart, la nouvelle série évènement ! Nul et pas crédible.

Comme pour tout, les titres de romans connaissent des modes et des tendances. En ce moment, j'en ai repéré trois qui marchent particulièrement bien (tout ça pour vous prouver que je suis calée en la matière) :

La tendance "Pronom relatif" avec Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette, L'homme qui voulait vivre sa vie et  La femme qui décida de passer une année au lit.

Mes propositions : L'enfant qui ne voulait pas grandir, Le voisin qui partait en voyage, La dame qui prenait le métro ligne 12.

La tendance "Long et mystérieux" avec Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, Les fabuleuses aventures d'un indien malchanceux qui devint milliardaire, La singulière tristesse du gâteau au citron et La lettre qui allait changer le destin d'Harold Fry arriva le mardi.

Mes propositions : Les pensées philosophiques d'un platane en jungle urbaine qui n'avait jamais connu son père, Les poissons-chats regardent la mort en face dans les eaux troubles du Mékong, Le syndicat des femmes de ménage qui empêcha la terre de tourner.

La tendance "Enumération" avec les deux derniers best-sellers du moment 50 nuances de Grey et La liste de mes envies.

Mes propositions : Les 30 étages de la dépression, Le catalogue de mes amours ou La série noire teintée de rose.

Evidemment je peux aussi vous proposer des titres qui combinent ces différentes tendances pour une accroche encore plus forte. Par exemple, Le serpent aux yeux d'argent qui faisait des listes avant la pluie.

Certains auteurs arrivent à développer un style particulier pour leurs titres. C'est par exemple le cas de Houellebecq qui conjugue fréquemment un élément scientifique à un élément plus "humain", le tout teinté de pessimisme : Extension du domaine de la lutte, Les particules élémentaires ou La possibilité d'une île. Je peux lui proposer comme futurs ouvrages : Cartographie du désœuvrement ou encore L'équinoxe des privilèges. Pour Amélie Nothomb, j'ai repéré une certaine prédisposition à retenir des titres avec une opposition attributs supposés féminins et masculins : Hygiène de l'assassin, Cosmétique de l'ennemi, Métaphysique des tubes ou encore Biographie de la faim. Voici quelques suggestions pour ses prochains romans : Le régime des assoiffés, Maquillage du condamné et Ayurvédique de l'esprit. Enfin j'ai remarqué que Marc Lévy accordait une place particulière aux titres avec une notion de temps et de distance : Si c'était à refaire, Le premier jour, La première nuit, Vous revoir, La prochaine fois ou Sept jours pour une éternité. Je ne manque pas d'idées pour satisfaire monsieur Lévy avec Une année sans toi, Le retour de la fiancée, Pour un adieu, Tu me manqueras, La promesse des retrouvailles, Ne pas revenir et Une absence douloureuse.

Avis aux éditeurs et aux romanciers, j'accepte les titres de propriété en moyen de paiement.

jeudi 7 mars 2013

Le dernier tag du reste de ta vie


Je bloggue depuis fort, fort longtemps. Une époque sans Hellocoton, sans masking tape, sans nail art et même, je vous jure que c'est vrai, sans twitter.

Il y avait à l'époque un côté Conquête de l'Ouest, une terre défrichée que tu tentais de domestiquer à coups de CSS et de sauts virtuel en l'air en secouant virtuellement les bras pour tenter de te faire virtuellement remarquer.

En ma qualité de vétéran, j'ai connu plusieurs phénomènes bloguesques.



Je me souviens par exemple des blogrolls, de l'importance des blogrolls. La blogroll a roulé bien bas quand les gens ont compris qu'un lien entrant supposait un lien sortant. Les pleurnicheries  du genre "Bouh ! tu m'as pas mis dans ta blogroll !" ont aussi noyé ce système de partage. 

Et puis, y'a aussi eu les tags.

Le tag, c'est so old blog school. C'est le macramé et le bingo réunis de l'activité bloguesque. Pour un tag intéressant, on en avait cent sans aucun intérêt, à part celui d'avoir des liens ce qui était le but (ina)voué.

Je croyais que le tag était mort de chez mort de chez mort et enterré, remplacé depuis par les rendez-vous réguliers de Le lundi, c'est permis, Les mardis tout doux, Les Mercredis des enfants, Les jeudis du bonheur, Les vendredis intellos, Les samedis de la glande, Les dimanches du renouveau, Ma semaine en images, Mon bilan du mois et Mon année pinteresté. Et puis honnêtement le tag qui était censé te faire un peu mieux connaître n'a plus vraiment de raison d'être depuis qu'avec Facebook on sait en temps réel avec qui tu as couché, à quel endroit, quelle position et si ta mère a liké. Que pourrions-nous apprendre de plus avec le tag ?

Récemment j'ai pourtant reçu deux demandes de tags. Cela m'a fait le même effet que si on m'avait annoncé que Carlos faisait son come-back. Pour ne pas les citer, il s'agit de Kandygirl et de Vive la rose et le lilas. J'aurais pu faire comme on fait d'habitude en feignant d'avoir trop de travail en ce moment, en feignant de dire que je ne réponds jamais aux tags parce que j'ai une ligne éditoriale à tenir ou en feignant d'avoir rien compris. Mais je le ferai pas en fait.

Je le ferai pas parce que ça part d'un bon sentiment et que si on n'avait jamais empêché les bons sentiments d'arriver à destination on recevrait peut être moins d'indifférence en retour, même si on n'est jamais sûr de rien, sauf peut être du non retour de Carlos à la scène.

Alors, Kandygirl et Vive la rose et le lilas, je vous remercie sincèrement pour ces tags, même si je n'y réponds pas (faut pas déconner non plus) parce que le tag est pour moi, bel et bien mort. Je vous propose en échange un concept révolutionnaire qui consisterait à répondre à des questions et à faire tourner auprès d'autres blogueuses, ça s'appelle "Le dernier tag du reste de ta vie" (que plus jamais après ça tu toucheras à un autre tag, de près ou de loin).

1 Est-ce que tu as déjà répondu à un tag ? Pourquoi ?
2 Est-ce que tu crois, comme tout être doué de raison, qu'il faut définitivement en finir avec les tags ? Pourquoi ?
3 Si tu devais choisir entre répondre à un tag ou te faire enfoncer des piques apéritifs dans les yeux, tu prends quoi ? (attention, question piège)
4 Est-ce que tu peux promettre ici même que plus jamais tu toucheras à un tag de ta vie ?

Tant qu'a faire, on demandera aussi à Anacoluthe, Lutecewoman, La vie en presque rose, Gully au pays de la Réunion, Lili, Kikekoidonc, Marie, Marcelle, Leoetlisa, Maman@home, Carole Nipette, Marie mon-nid, Anouchka, Cranemou, Mamina, Stephie et les Cacahuètes, Nina, Sabine, Shalima, Marylin, Les lectures de colette, Kat, Etteila et Soma, bref toutes celles qui ont le malheur de laisser un jour un commentaire sur ce blog.

Attention ! Ceux qui n'ont pas été cités au-dessus n'ont AUCUN droit de répondre au "dernier tag du reste de ta vie" ils seront donc dans l'OBLIGATION de répondre à des tags tant que quelqu’un ne les aura pas tagués avec le "dernier tag du reste de ta vie".


mercredi 6 mars 2013

Leçons de bonheur : savoir être égoïste


Je sais que ça te fait une belle jambe. Alors on est content tous les deux, à toi les belles jambes et à moi les belles ailes.

mardi 5 mars 2013

Je ne sais pas raconter d'histoires


Si à l'écrit je me comporte à peu prés correctement, à l'oral je suis bien souvent dans la confusion, les mots et images se bousculant dans ma tête et quand tout cela finit par arriver à la parole, c'est pire que l'ouverture du Virgin des Champs Elysées le jour d'une dédicace des One Direction. Ca ressemble aussi à un freinage avant brusque en vélo, les pensées de la roue arrière finissant par se retrouver avant les pensées de la roue avant. Ca se conclut par un gadin, qu'on appelle aussi un bide à l'oral.

J'ai à peu près le même regard quand je raconte.

Mais c'est un peu facile d'annoncer des vérités sans donner de preuves. Voici un exemple parlant, en imaginant que vous m'ayez demandé de résumer Django Unchained que je suis allée voir au cinéma vendredi dernier. C'est typiquement le genre de discussion que l'on pourrait avoir si on se trouvait face à face. Je vous dirais que je suis allée voir ce film, vous me demanderiez par politesse si j'ai aimé et, au fait ça parle de quoi ? (malheur à vous).

Je vous répondrais ceci :

Normalement c'est à ce moment-là que mon interlocuteur me dit "Non mais laisse tomber, en fait j'ai prévu d'aller le voir" (ça marche aussi avec les livres, et les recettes de cuisine).

Ce qui est incroyable, c'est que je combine toutes les maladresses orales du discours : ton monocorde, abondance de euh et de alors, silences mal placés, détails sans importance, retours en arrière confus et oublis de l'essentiel. Je devrais être un sujet d'étude en tant qu'exemple à ne pas reproduire dans toutes les écoles de commerce, de journalisme et de beaux parleurs.

C'est pour ça que je ne raconte jamais d'histoires, surtout drôles. C'est pour ça que je dis à mon mari "Vas-y, raconte-leur l'histoire du voisin de tes parents qui s'est empalé sur une grille et qui a failli attraper la gangrène et qu'on a soigné avec de la peau de requin" et qu'il me répond "A quoi ça sert maintenant que t'as raconté toute la chute ?". C'est pour ça aussi que les gens me confient "C'est marrant, quand on te connait, on soupçonne pas l'humour que tu as avec ton blog". C'est pour ça que j'ai jamais été capable de renseigner un passant perdu en lui expliquant que "tournez à droite au deuxième feu puis à gauche après la boulangerie, la rue est à gauche au premier rond-point".

Le pire dans tout ça est d'avoir conscience de cette pauvreté orale. Tandis que je raconte, j'ai toujours une petite voix intérieure qui me susurre "Mais qu'est-ce que t'es chiante. C'est pas possible d'être aussi chiante. Abrège, abrège, abrège !". Ca n'aide pas à la concentration, avouez. Tout en racontant, je dois aussi lutter contre cette voix intérieure, ce qui rajoute à la confusion du discours, ce qui rend alors la petite voix hystérique "MAIS FERME-LA !!!"

J'en suis venue à détester les gens polis et courtois, ceux qui n'osent te couper la parole et t'écoutent attentivement comme si tu étais prophète ou chirurgien. Les gens polis et courtois me font vivre un supplice avec leur oreille polie et courtoise, et leur réponse polie et courtoise  "Ah oui, ça a l'air intéressant, tu m'as donné envie" après mon interminable histoire sur ce poissonnier de supermarché qui n'aimait pas le poisson alors qu'on me demandait ma recette de sauce au beurre blanc.

Je préfère de loin les rustres qui ont besoin de remplir à nouveau leur verre, de soulager leur vessie ou d'appeler leur frère parce qu'ils viennent de se rappeler que c'était leur fête aujourd'hui ou celle de la copine de leur frère, voire l'ex-copine de leur frère. Ceux qui ne me donnent pas l'occasion de me perdre dans le dédale d'une conservation qui n'aura plus ni queue, ni tête, ni jambes, ni nez, ni doigts de pied, ni cheveux.

Qu'est-ce que je voulais dire déjà ?

lundi 4 mars 2013

La dame d'Annecy


J'ai un penchant douteux pour les statistiques, ce que je n'explique pas moi-même étant de nature plutôt bordélique. Par exemple, pour ce blog, je passe autant de temps à consulter les statistiques sur Google Analytics que sur l'écriture des articles. Le phénomène s'est amplifié depuis que la fonction Temps Réel est à disposition. Comme son nom l'indique, elle permet de voir en temps réel qui est sur le blog et ce qu'il fait.

La plupart du temps, cela prend des allures de mise en abyme vu que je suis souvent la seule à consulter mon blog quand je consulte le Temps Réel de Google Analytics. Je suis donc en train de me regarder en train de regarder mon blog ce qui n'est pas exactement vrai puisque je suis en train de consulter les statistiques en même temps que je me relis. Psychose !

Oh ! Je me vois dans ma boule de cristal !
Dans l'analyse en Temps Réel, il est également possible de connaître la position géographique du lecteur. La géographie n'est à-priori pas le point fort de Google Analytics étant donné qu'il me situe parfois à Nice, à Archamps ou encore à Clermont-Ferrand, des villes qui me sont étrangères sauf pour Clermont-Ferrand qui s'est vu honoré de ma présence il y a quelques années lors d'un déjeuner en face de la cathédrale mais cela compte t-il vraiment bien que le repas fut mémorable ?

Tout laisse donc à penser que les incertitudes sont légion sur Google Analytics : on peut même se demander s'il y a vraiment des lecteurs du blog, si le blog en lui-même existe vraiment et si je ne suis pas victime d'hallucinations dans un monde artificiel qui aurait inventé les LOLcats mais pas l'accès à l'eau pour tous. Pour ma santé mentale, mieux vaut admettre comme tangible la réalité de Google Analytics et de ses statistiques.

Je m'en remets donc (souvent) à ses constatations et à ses analyses pour essayer de comprendre qui sont mes lecteurs et comment ils débarquent ici sans prévenir. J'ai noué, sans qu'ils ne le sachent, une véritable relation avec eux à travers le Temps Réel de Google Analytics et certains, je dois l'avouer, ont mes préférences.

Il y a par exemple la dame d'Annecy qui vient sur le blog tous les jours. C'est ma lectrice favorite sans que je puisse l'expliquer. La dame d'Annecy (car c'est pour moi une évidence qu'il s'agit d'une dame bien que les statistiques ne puissent appuyer mes dires) ne laisse aucun commentaire mais elle ne manque aucun rendez-vous. Elle arrive toujours de la même façon, via mon ancien blog ce qui laisse à penser que la dame d'Annecy n'est pas une experte du net sinon je serais déjà dans son Reader ou même dans ses favoris. C'est peut être cela qui me la rend plus particulière, parce qu'elle n'a pas l'air d'être une habituée de la blogosphère. Elle serait donc arrivée ici par hasard et a jugé opportun d'y revenir tous les jours, en revenant par son chemin habituel. La dame d'Annecy aime les habitudes.

Comme on l'a vu, on ne peut pas se fier au GPS virtuel de Google Analytics : la dame d'Annecy est peut être la dame d'Albertville mais j'aime mieux me représenter la dame d'Annecy avec le lac en arrière-plan, cela rajoute un charme pittoresque et suranné. C'est bien dommage que ce blog ne puisse être lu que sur ordinateur, la dame d'Annecy se visualise mieux avec un journal ou un livre, assise dans un fauteuil en rotin dans un jardin d'hiver donnant sur le lac.

Evidemment la dame d'Annecy a toutes les qualités, à part peut-être un petit chien insignifiant qui lui tient compagnie (vu dans les statistiques du blog du nombre de visiteurs possédant un petit chien insignifiant) mais je lui pardonne cet écart parce que tant que la dame d'Annecy viendra sur le blog, je me sens dans l'obligation de continuer à écrire ici.

vendredi 1 mars 2013

Genèse d'une bonne habitude

Je ne sais pas si l'orange a le même effet quand elle est bleue


La preuve est faite que le monde est mal foutu, ne serait-ce que parce qu'il est plus facile de prendre des mauvaises habitudes que des bonnes (et aussi qu'il est impossible de rentrer dans du 38 avec des fesses de taille 40). 

Je ne vous ferai pas la liste de toutes mes mauvaises habitudes parce que je suppose qu'à un moment donné vous aurez besoin de vous alimenter, ou moi de m'alimenter, on sera alors obligés d'abandonner cette liste et on ne saura plus où on en était. Faudra tout reprendre à zéro et on n'avancera jamais au paragraphe suivant, celui qui est tout de même censé faire avancer le débat, et expliquer ce titre. J'ai la mauvaise habitude de faire durer les introductions.

 Tout ça pour dire qu'hier je me suis surprise avec une bonne habitude, un fait assez exceptionnel qui méritait à lui tout seul un article. Je ne saurais dire comment tout cela a commencé mais par contre je sais exactement comment j'en suis arrivée là. C'est par la voie de la suggestion que j'ai pris cette bonne habitude, sans même m'en rendre compte avant qu'elle ne devienne quotidienne. 

Un soir mon mari va chercher une orange dans la cuisine. Sa bonne éducation l'incite à me poser la question suivante : 

"Tu veux que je t'en ramène une ?" 

Ca ressemble à quoi déjà une orange ? Et on en fait quoi ? J'acquiesce par curiosité. 

Le lendemain soir mon mari va chercher une orange dans la cuisine. Ayant beaucoup de mal à renier son éducation, il me repose la question de la veille. 

Je n'éprouvais plus ce besoin de connaissance, ayant remis au goût du jour de la veille mon savoir sur l'orange. J'ai quand même dit oui par politesse. 

Le troisième soir, mon mari ne va pas chercher une orange dans la cuisine. Par contre j'y suis allée pour rendre la pareille, du coup j'en ai ramené une pour moi parce que tout travail mérite salaire. 

Le quatrième soir j'ai demandé à mon mari de se lever et de me ramener une orange de la cuisine. Parce qu'il avait oublié de m'en apporter une, il prenait de mauvaises habitudes. 

Le cinquième soir, j'ai râlé. Il n'y avait plus d'oranges dans la cuisine. 

C'est ainsi que je suis devenue dépendante de l'orange du soir, une dépendance même pas mauvaise pour la santé (j'ai encore du mal à y croire) et dont il parait que je pourrais me défaire sans problème (du jour au lendemain, hop ! plus d'orange le soir).

Finalement le monde n'est pas si mal foutue que cela, du moins tant qu'il y aura des oranges le soir dans la cuisine.

jeudi 28 février 2013

La reine des hystériques


Hier j'ai lu un livre, ça s'appelle "Blanche et Marie" de Per Olov Enquist (979ème de la liste)



Le procédé littéraire de ce roman est pour le moins surprenant. Per Olov Enquist invente un tout autre destin à Blanche Wittman, surnommée "La reine des hystériques". Partant d'un fait réel, son séjour à la Salpêtrière en tant que patiente "favorite" du Docteur Charcot, il l'associe à des évènements tout à fait fictifs. A sa sortie et après la mort du docteur Charcot, elle deviendra donc l'assistante de Marie Curie et finira amputée des deux jambes et d'un bras suite à la manipulation répétée du radium. Enfin, l'auteur nous incite à croire qu'elle aurait écrit de nombreux carnets ayant pour objet de répondre au pourquoi et au comment de l'amour à travers son expérience personnelle. Mais le plus surprenant, c'est que ce roman prend une forme inachevée. Il ne s'agit pas ici d'un récit mais d'une base de travail romanesque. C'est comme si l'auteur nous livrait ses réflexions sur les livres des questions de Blanche, d'où les nombreuses répétitions et les numéros attribués à certains paragraphes tels des annotations.

Per Olov Enquist est, parait-il, familier de ce genre de procédé qu'on qualifie de roman du mouvement documentariste suédois. On juge parfois à tort que des termes tels que "roman du mouvement documentariste suédois" ne laissent présager une obscure nébuleuse. Et parfois, on a raison. En gros les termes de "roman du mouvement documentariste suédois" veulent bien dire ce qu'ils laissent sous-entendre. Il m'a fallu de l'acharnement pour tenir les 150 premières pages et enfin démêler les fils du raisonnement. 

On est où là ? Dans la réalité ? La fiction ? La réalition ? La fictalité ? Apportez-moi une aspirine ! (vous en voulez peut-être aussi ?) Même si le roman n'a jamais eu pour ambition de décrire la réalité, cette manière de procéder nous amène continuellement à vouloir débusquer le vrai dans le faux.

Un livre d'amour

Passé les 150 premières pages, on découvre que ce livre met en parallèle deux histoire d'amour : l'une inventée entre Blanche et le Docteur Charcot et l'autre réelle entre Marie Curie et Paul Langevin, célèbre physicien français. C'est cette dernière m'a le plus touchée peut être parce que cette histoire tragique a vraiment existé mais surtout parce qu'elle est tragique. Certains passages sur l'amour ont la grâce touchante des réflexions universellement partagées.

C'est si douloureux qu'elle soit si près. L'inaccessible ne devrait pas se trouver à portée de main.

Un livre féministe

Ce n'est qu'en refermant le livre que m'est apparu toute cette dimension féministe. On a d'un côté le témoignage de Blanche sur l'hôpital de La Salpêtrière, une forteresse dans laquelle on enfermait toutes les femmes qui, selon l'époque, avaient été troublées par l'amour (les épileptiques, les hystériques, etc) mais aussi toutes celles qui étaient de trop et qui n'avaient plus de protecteur. La description qui semble coller à ce qui a vraiment existé met en évidence la façon dont on considérait à l'époque les femmes comme un territoire inconnu et dangereux.

C'est là qu'elles furent conduites, Blanche, Jane et les autres six mille ombres gorgées d'un sang bouillonnant qui se croyaient encore des êtres humains.

De même l'histoire entre Marie Curie et Paul Langevin met en lumière l'injuste traitement d'une femme ayant une liaison avec un homme marié au début du 20ème siècle. Ce scandale sera traitée avec une rare violence par la société française : publication des lettres d'amour dans la presse, le conseil des ministres discutant du cas pour savoir si Marie Curie ne devrait pas quitter la France, silence total de la France lors de l'obtention de son deuxième prix Nobel, etc. Marie Curie devra alors fuir plusieurs fois Paris pour protéger ses filles de cette haine.Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si, dans le roman (car je ne sais pas si c'est réellement le cas) Marie trouve refuge à Londres parmi les suffragettes.

C'était la première fois que quelqu'un recevait un deuxième prix Nobel. Pas un mot sur cette distinction dans la presse française. La honte ! La honte qu'une dépravée ait brisé une famille française, et la honte aussi pour la France qu'un chercheur "français" ait reçu un prix Nobel dans ces conditions répugnantes !
Il valait donc mieux le taire.

mercredi 27 février 2013

Leçons de bonheur : les belles rencontres se font ailleurs



"Moi je pense que les belles rencontres, elles se font partout. Mais surtout ailleurs."


Mais si elles se font surtout ailleurs, ça veut dire que t'es surtout jamais là où il faut. 


mardi 26 février 2013

Hôtel Transylvanie : n'y posez pas les valises (et encore moins vos enfants)


Pour qu'on ne me prenne pas pour une mère despote du 7ème art avec ma liste, je voulais vous rassurer en précisant que j'emmenais également ma fille voir des films de son époque. C'est ainsi que le dimanche 17 février nous sommes allées voir Hôtel Transylvanie.



- Alors, tu as aimé le film ?
- Oui, maman, c'était bien !

M'étant monstrueusement ennuyée pendant toute la séance, je ressentis une pointe de déception en découvrant qu'on n'avait pas les mêmes goûts. Puis finalement je me suis rendue compte que depuis qu'elle était en âge d'aller au cinéma, la critique était invariablement la même  "Oui, maman, c'était bien !". Il y a deux explications possibles : soit ma fille n'a aucun sens critique, soit les enfants, en tout cas entre 4 et 6 ans, aiment plus aller au cinéma que le cinéma en lui-même. J'ai l'impression que les enfants peuvent simuler involontairement un enthousiasme de peur qu'une critique négative ne les prive de cinéma.
Les DVD confirmeraient cette hypothèse. Une fois terminé, le film est toujours bien mais certains ne ressortent jamais de leur boîte tandis que d'autres sont usés jusqu'aux rayures. Pourtant, quand je l'interroge, ils sont tous bien et quand je lui demande ses préférés, elle répond "Il sont tous bien"
Ca ne veut pas dire pour autant qu'elle n'ait pas aimé Hôtel Transylvanie mais ça ne veut pas dire qu'elle l'ait aimé non plus.

On se contentera donc, encore une fois, de ma critique -sanglante- de ce film.

Les travers de la 3D
J'ai vu ce film en 2D mais ce film est également disponible en 3D. Le fait est que pas mal de séquences semblent avoir été construites uniquement dans le but d'offrir du spectacle tridimensionnel. On retrouve alors des mouvements de caméra qui viennent, comme pour un train fantôme, zigzaguer sans apporter aucune valeur ajoutée au scénario. Et comme en plus j'étais en 2D, cela n'a aucun rendu spectaculaire.

Les travers de la double-lecture
C'est le nouveau credo des films d'animation, il faut à la fois que les parents et les enfants s'amusent. Si cette double-lecture a effectivement permis quelques perles du genre, j'ai envie de dire que quand c'est raté, c'est doublement raté. Et puis honnêtement, la double-lecture commence à me taper sur le système. Si l'on va voir un film pour enfants, c'est bien pour les enfants, je n'ai pas besoin qu'on vienne y ajouter quelques blagues (vaseuses) qui ne concernent que moi. Ou alors, la prochaine fois, je demande à payer moitié-prix pour nous deux vu qu'on est censé se partager le film.

Tout il est beau, tout le monde il est gentil
Venons-en à l'histoire. L'hôtel Transylvanie a été construit par le comte Dracula qui souhaitait créer un havre de paix pour toutes les créatures monstrueuses de la terre mais surtout réfréner l'envie de sa fille Mavis de vouloir découvrir le monde (pourquoi partir vu que tout le monde vient ?). Parce que le comte Dracula, comme tous ses compères de l'horreur, ont en commun la même hantise : la cruauté des humains. Tout se passe bien dans le meilleur des mondes affreux jusqu'à ce qu'un jeune humain ne découvre l'hôtel et Mavis pour laquelle il aura un "zing". Passons sur la fin prévisible dès les premières minutes ainsi que le terme de zing censé remplacer élégamment le coup de foudre, bon, à la limite.

Le plus décevant finalement est cette morale "Il est difficile de laisser partir ses enfants mais il est encore plus difficile de les voir malheureux", un thème un peu similaire à Rebelle pour le conflit parent-enfant. Dans Rebelle, il y avait un vrai affrontement et une vraie tension alors qu'Hôtel Transylvanie ne montre qu'une dispute de circonstance entre le père et la fille. Il n'y a d'ailleurs aucun méchant dans ce film et les monstres ne sont qu'un ramassis de chiffes molles.

La Transylvanie, ce n'est vraiment plus ce que c'était. Si on ne peut même plus compter sur Frankenstein pour effrayer les enfants, il nous reste quoi ? Mme de Fontenay ?