mardi 12 mars 2013

La météo de la civilisation


Hier j'ai lu un livre, ça s'appelle "Cartographie des nuages" de David Mitchell (975ème de la liste)


Accrochez-vous.
C'est l'histoire d'une croyance ancestrale qui parle d'un film qui parle d'un livre qui parle d'un échange épistolaire qui parle d'un journal de bord.
De très loin dans le passé à très loin dans le futur, dans l'ordre croissant puis dans l'ordre décroissant. A moins que ce ne soit le contraire.
Et puis il y a cette tache de naissance commune.

Je n'ai pas la science de Laurent Romejko mais quelque chose me dit que de tracer la carte des nuages, ça se résume à naviguer dans un épais brouillard, surtout quand les nuages représentent des êtres humains. 

De sombres nuages au-dessus de nos têtes
Cartographie des nuages raconte six histoires, fragilement reliés, avec une thématique commune : le combat des plus faibles contre les plus forts, des opprimés contre les oppresseurs, des déshérités contre les nantis. Comment lutter seul contre un ordre établi  ?

Pourquoi lutter contre le "naturel" (ô perfide mot) ordre des choses ? Pourquoi ? En voici la raison : un beau jour, un monde totalement voué à la prédation brûlera de lui-même. Et j'ajoute que le Diable procédera du moindre au majeur, jusqu'à ce que le majeur devienne moindre. À l'échelle d'un individu, l'égoïsme enlaidit l'âme ; à l'échelle humaine, l'égoïsme signifie l'extinction.

Mais si l'on peut sauver son âme en luttant à titre individuel contre l'injustice, agissons-nous vraiment sur la marche inexorable du progrès et de la civilisation ? 

De laborieux progrès obtenus sur plusieurs générations menaceront à tout instant de disparaître sous la plume d'un président myope ou l'épée d'un général vaniteux.

Dans ce cas, à quoi cela sert-il ? Pourquoi risquer sa vie pour un combat perdu d'avance ? Cartographie des nuages nous donne un semblant de réponse (et l'on s'y accroche pour éviter le pessimisme total) en nous promettant que nos actes individuels de rébellion peuvent influencer d'autres actes individuels de rébellion par la suite. Que nous pouvons à défaut de sauver le monde, devenir des exemples pour des générations futures, et ainsi ne jamais baisser les bras même si le combat est truqué.

Les bravoures d'aujourd'hui sont les espoirs de demain. 

Je ne peux m'empêcher de rapprocher cela de l'homme chinois contre les chars de la place Tian'amen. Qu'espérait-il ? A t-il changé quelque chose ? Pourquoi faire quand cela est dangereux et revient au même que de ne rien faire ? Parce qu'il est devenu une référence, un symbole, un modèle qui entraîne et façonne les autres.

Certains reprochent à Mitchell une morale simpliste, je serais plus nuancée. On peut effectivement y voir une apologie des révoltés mais l'Histoire à travers les histoires prouvent qu'ils ne peuvent inverser le cours des choses.

Un seul nuage dans le ciel ne changera pas la météo.

6 commentaires:

  1. Je me doute qu'il y a certainement quelque chose à dire mais je ne trouve pas. Je vais chercher.

    RépondreSupprimer
  2. J'ai vraiment envie de lire ce livre, il est auréolé de mystère pour moi, et ta chronique est très belle et m'encourage à m'y plonger...L'as tu lu en français? Tu penses que la traduction est bonne? J'ai peur d'avoir encore plus de mal à suivre en anglais.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. @Cerise Timide
      Oui je l'ai lu en français et même si je ne peux pas comparer objectivement, je pense que le traducteur a fait du bon travail. Les différents styles sont bien respectés et on imagine bien le travail titanesque que cela a du représenter pour le traducteur.

      Supprimer
    2. Je crois que je vais télécharger la version kindle en anglais avec vidéos et tout ça, ça doit être encore plus impressionnant... Je t'en dirais des nouvelles si tu veux.

      Supprimer
    3. @Cerise Timide
      Avec plaisir ! :) C'ets toujours intéressant de confronter les lectures ;)

      Supprimer